Thèse soutenue

Origine et radiation des chiroptères modernes : implication des faunes paléogènes d’Afrique du Nord et d'Asie du Sud

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Auteur / Autrice : Anthony Ravel
Direction : Laurent MarivauxRodolphe Tabuce
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Evolution, Ecologie, Ressources Génétiques, Paléontologie
Date : Soutenance le 19/12/2012
Etablissement(s) : Montpellier 2
Ecole(s) doctorale(s) : Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Laurent Marivaux, Rodolphe Tabuce, Gregg F. Gunnell, Thierry Smith, Emmanuel Gheerbrant, Kenneth Christopher Beard
Rapporteurs / Rapporteuses : Gregg F. Gunnell, Thierry Smith

Mots clés

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Résumé

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Dans la nature actuelle, l'ordre Chiroptera constitue l'un des groupes de mammifères placentaires les plus diversifié. La particularité des chiroptères réside dans leur capacité au vol actif et à l'écholocation, deux adaptations clés qui prédisposent ces mammifères à la migration et à la colonisation de niches écologiques exclusives. La radiation initiale, dite « explosive », des chiroptères implique un ensemble de familles primitives éocènes retrouvées sur tous les continents excepté l'Antarctique. De manière quasi synchrone, plusieurs représentants appartenant aux deux principaux groupes de chiroptères actuels (c.-à-d., Rhinolophoidea et Vespertilionoidea) sont attestés dans l'Éocène inférieur terminal – Éocène moyen basal de Tunisie (Chambi). La rareté du matériel fossile pour les chiroptères paléogènes soulève de nombreuses questions sur les modalités évolutives de la radiation et de la dispersion des premières formes modernes. Cette étude intègre des faunes inédites de chiroptères fossiles issues de plusieurs campagnes de terrain réalisées en Afrique du Nord et en Asie du Sud. Il s'agit de localités fossilifères datées de l'Éocène inférieur et moyen de Tunisie (Chambi), d'Algérie (El Kohol et Glib Zegdou), et de Chine (Shanghuang). Les différentes analyses systématiques et cladistiques réalisées sur le matériel fossile, essentiellement constitué de dents isolées, ont permis d'apporter de nombreux éclaircissements sur les modalités évolutives qui ont défini la radiation des premiers microchiroptères modernes. Ces nouvelles faunes ont révélé pas moins de sept familles modernes (Rhinolophidae, Rhinopomatidae, Hipposideridae, Necromantidae, Emballonuridae, Nycteridae, Philisidae et Vespertilionidae) ainsi qu'une forme primitive, le plus ancien chiroptère d'Afrique, provenant de l'Éocène inférieur d'Algérie (El Kohol). Une approche phylogénétique met en évidence deux axes majeures de dispersions de ces chiroptères qui ont pris place durant l'Éocène moyen : une phase Est-Ouest depuis l'Asie de l'Est jusqu'en Europe, et une phase Nord-Sud depuis l'Afrique du Nord jusqu'en Europe. L'étude de la morphologie dentaire de chacune des espèces étudiées, de leur taille estimée et de la taphonomie des sites fossilifères a permis de mieux cerner le contexte paléoécologique de ces chiroptères paléogènes. Dans des conditions paléoclimatiques tropicales ou subtropicales favorables à la prolifération d'insectes, les microchiroptères, pour la plupart insectivores, avaient à disposition une ressource abondante. Mais une telle richesse spécifique, parfois très localisée comme à Chambi, devait également entrainer une forte compétition interspécifique qui a probablement été un facteur déterminant dans les événements de radiation et de dispersion.