Thèse soutenue

La valorisation du patrimoine : problèmes méthodologiques, limites et enjeux de la restitution archéologique et historique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Isabelle Reverdy-Médélice
Direction : Jean-Luc Lamboley
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 26/04/2012
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherche en histoire et histoire de l'art - Italie, pays alpins (Grenoble ; 1991-2015)
Laboratoire : Centre de Recherche en Histoire et histoire de l'art. Italie, Pays Alpins, Interactions internationales
Jury : Président / Présidente : Nicolas Mathieu
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Luc Lamboley, Michel Tarpin, Anne Baud
Rapporteurs / Rapporteuses : Robert Vergnieux, Alain Beeching

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

L’objectif de ma thèse est de proposer une étude approfondie d’un domaine qui, s’il est régulièrement employé pour la vulgarisation de l’Archéologie et de l’Histoire, n’a jamais fait jusqu’à présent à notre connaissance l’objet d’une étude spécifique. La restitution archéologique et historique est pourtant un phénomène qui, en particulier dans les pays anglo-Saxons et nordiques, joue un rôle-Clé à la fois dans la recherche scientifique et dans la diffusion du patrimoine auprès du grand-Public. Des articles et des ouvrages qui s’intéressent à telle ou telle méthode de restitution sont fréquemment publiés en France. Ce travail de recherche se développe en trois parties : la première est consacrée à une Histoire de la restitution et des représentations du passé, à travers l’espace et le temps. De l’Antiquité à aujourd’hui, nous étudierons ainsi l’évolution des mises en scène et des mises en images des évènements, édifices et figures marquantes de l’Histoire, de même que des valeurs et des interdits rattachés à ces représentations du passé. Donner une image, réaliste ou symbolique, du passé et ne pas seulement l’évoquer par la parole ou par l’écrit, est un désir qui semble avoir été présent chez les hommes à toutes les époques et dans toutes les civilisations. Miroir des époques qui les ont créées et de la perception qu’ont les hommes de leur société et de celles qui les ont précédés, les restitutions historiques et archéologiques anciennes sont des témoignages importants. La seconde partie repose sur l’analyse de trois exemples de restitutions archéologiques et historiques réalisées en France et sur des sites européens. Ils ont été choisis pour leur caractère paradigmatique et leurs places respectives dans l’avancée des techniques et des attentes des scientifiques comme du public destiné à les regarder. Enfin, la troisième et dernière partie va au cœur du sujet et, en particulier, à partir des exemples analysés précédemment, propose une interrogation sur les limites et les enjeux de la restitution archéologique et historique. Cette mise en question revêt une particulière actualité à la fin du XXème et au début du XXIème siècle. Cela pour trois raisons : le développement du tourisme culturel et le développement des parcs archéologiques interactifs, l’amplification des politiques du patrimoine, l’accroissement d’un public formé à la lecture de l’image qui n’attend plus seulement du chercheur le résultat d’une hypothèse mais aussi sa justification. Les enjeux de la restitution sont donc cruciaux. Un signe en est que de plus en plus de thèses d’archéologie sur des études de sites proposent des restitutions. Les autorités archéologiques de nombreux pays stipulent désormais qu’une part conséquente du budget de la fouille doit être consacrée à la valorisation postérieure, au centre de laquelle se trouve la restitution. Cette dernière sort donc du cadre strict de la muséographie et s’impose désormais à des acteurs très divers, qui n’ont été que superficiellement intéressés à ces problématiques. L’explosion du recours à la restitution apparaît comme un triomphe ambigu. En effet, les divers acteurs qui utilisent la restitution ne poursuivent pas les mêmes buts : entre ceux qui expérimentent une hypothèse de travail et ceux qui attendent un support pédagogique pour instruire, voire ceux qui recherchent une image destinée à susciter l’investissement sentimental du lieu, le dénominateur commun est très difficile, voire impossible, à trouver. En outre une des limites majeures des restitutions archéologiques et historiques réside principalement dans à leur caractère éphémère de leur validité scientifique, alors que leur durée de vie est parfois très longue. Une historiographie de ces réalisations est nécessaire en ce qu’elles reflètent au moins autant leur contexte de construction que l’époque qu’elles sont supposées faire revivre.