Thèse de doctorat en Histoire (option : histoire des sciences )
Sous la direction de Dominique Pestre.
Soutenue en 2012
à Paris, EHESS .
Les origines de l’homme, de la Terre, de la vie, ou des astres, sont des questions culturellement omniprésentes et façonnant profondément le second XIXe siècle. Mais alors que les débats autour de la théorie de l’évolution, de la paléontologie, et de la géologie, ont donné lieu à une historiographie très riche, les travaux concernant l’histoire de l’étude de l’origine des astres, que rassemble à l’époque le terme de « cosmogonie », sont beaucoup plus rares. Cette thèse s’efforce, dans le cas de la France, de combler cette lacune. Ce travail décrit en détail la variété des pratiques cosmogoniques du second XIXe siècle français. Il articule pour cela une attention particulière portée aux dispositifs institutionnels d’administration et de régulation des sciences, avec une étude prosopographique détaillée de la communauté d’acteurs, hétérogène, rassemblée par ce sujet de recherche. L’étude des auteurs d’hypothèses cosmogoniques, de leurs pratiques et de leurs discours, permet notamment d’éclairer, à travers un cas, le long processus de professionnalisation des sciences qui s’opère durant la période étudiée. Ce processus de démarcation d’une élite savante, universitaire, s’effectue simultanément sur plusieurs fronts, où les cosmogonistes sont présents. Leur étude permet ainsi d’identifier les façons dont s’élaborent, discrètement, des frontières, poreuses et longues à se stabiliser, singularisant socialement les auteurs susceptibles de participer à la fabrication de la science en fonction de critères indissociablement cognitifs, sociaux, et politiques.
The origins of the world : scientific cosmogonies in France (1860-1920) : actors, practice, representations
The origins of man, of life, of the Earth, or the stars, are central issues that shaped deeply the second half of XIXth century. Whereas historians of science have greatly and thoroughly studied debates surrounding evolutionary theory, paleontology, and geology, the history of the researches concerning the origins of the stars (“cosmogony”) during this period has mostly remained skimmed over. This PhD dissertation endeavors to fill this gap, in the French context. This work describes minutely the variety of cosmogonical practices that were developed between the 1860s and 1920s in France. In order to do so, it combines a specific attention to institutional ways of governing and regulating scientific practices and discourses with a detailed prosopographical study of the heterogeneous community gathered around this subject. The study of the authors of cosmogonic hypotheses, of their practices and discourses, sheds a new light on the long-term professionalization process of the sciences that takes place during this period. The boundary-work characterizing and differentiating a scientific, academic, elite occurs in different places where cosmogonists were active. The study of this group of actors enables to specify the way in which the frontiers that socially and epistemically singled the authors who were allowed to participate to the construction of science were socially, cognitively, and politically built.