Thèse soutenue

Le discours du fou dans le récit romantique européen : (Allemagne, France, Russie)

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Auteur / Autrice : Virginie Tellier
Direction : Georges Zaragoza
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres modernes
Date : Soutenance le 07/06/2012
Etablissement(s) : Dijon
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Idées, Sociétés, Institutions, Territoires (Dijon ; 2007-2016)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC) (Dijon)
Jury : Président / Présidente : Bernard Franco
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Backès, Jean-Louis Cabanès, Joëlle Prungnaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Roger Bozzetto, Karen Haddad-Wotling

Résumé

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La thèse étudie les caractéristiques linguistiques, philosophiques et esthétiques du langage littéraire du fou à l'époque romantique. Elle porte sur Les Élixirs du Diable (Hoffmann, 1815), La Fée aux Miettes (Nodier, 1832), le Journal d'un fou (Gogol, 1835), La Sylphide (Odoïevski, 1837) et Aurélia (Nerval, 1855). D'autres récits sont convoqués plus ponctuellement, comme Les Veilles (Bonaventura, 1804) ou Louis Lambert (Balzac, 1832). Le fou est un être problématique : il est à la fois inférieur à l'homme sain et habité par une inspiration divine. Ce paradoxe trouve une actualité nouvelle dans la première moitié du XIXe siècle. D'une part, le développement de l'aliénisme tend à définir médicalement les pathologies mentales. D'autre part, la naissance de la littérature fantastique promeut la figure de l'artiste fou. Le fou, lorsqu'il prend la parole, interroge l'écriture autobiographique et redéfinit le moi, l'espace et le temps. Son discours présente des enjeux pragmatiques : le fou cherche à démontrer qu'il n'est pas fou, face à une société qui le condamne. Il cherche également à transmettre une vérité. Sa langue sert alors à décrire les forces mythiques qui traversent le monde et, peut-être, à le recréer. La notion de création est essentielle. L'âge romantique modifie la définition de la littérature, qui perd sa fonction représentative au profit d'une fonction purement langagière. Le discours du fou participe à la fondation de cette nouvelle esthétique : il l'instaure dans un geste critique qui interroge sa légitimité. Impossible et impensable, il incarne la « parole muette » (J. Rancière) que devient la littérature moderne.