L'auteur de génie et l'artiste créateur en Algérie : modèles importés, renversés, repositionnés puis singularisés
Auteur / Autrice : | Farid Saadi-Leray |
Direction : | Aïssa Kadri |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
Importé via la colonisation et corrélé à un régime vocationnel, le concept de "artiste-créateur" échappe depuis l’indépendance algérienne aux principes d'une légitimité proprement esthétique. Après avoir été appliqué aux avant-corps du processus révolutionnaire (précurseurs révoltés contre la culture impérialiste et démystificateurs du visage intrus de l’auteur de génie), il se perçoit et se justifie moins en regard à une apologie de l’éthique de singularité que selon les complaisances entretenues par des peintres lors de ces rendez-vous protocolaires et emblématiques que furent les semaines culturelles dans les pays dits "Frères" (car musulmans, socialistes ou tiers-mondistes), les commémorations du 1er Novembre 1954 et 05 juillet 1962, le festival Panafricain de 1969 et 2009 et "L'Année de l'Algérie en France" en 2003. Mobilisés cette année là pour redorer l'image d'un régime militaro-industriel en quête d’une recapitalisation symbolique, les plasticiens locaux n’ont, en échange ou en retour à leur participation, rien obtenu de concret en ce qui concerne l’évolution de leur statut professionnel, sinon un Musée d’art moderne (M. A. M. A). Décidée dans le cadre du projet "Alger, capitale de la culture arabe 2007", cette institution a toutes les apparences d’une vitrine officielle et ne ressort pas d’un champ artistique segmenté par plusieurs instances de jugements, une adversité-diversité des langages révélatrice d’une modernité. Employée sans discernements critiques, la locution "art contemporain" n’est d’ailleurs pas devenue la borne analytique à partir de laquelle pouvait être réévaluée en Algérie la figure de l'artiste créateur.