Thèse soutenue

Ecrire la souffrance de l'enfant au tournant du XXie siècle : le récit à l'épreuve de l'innommable
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Auteur / Autrice : Emilie Brière
Direction : Pierre PopovicDominique Viart
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littérature françaises
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Lille 3 en cotutelle avec Montréal
Jury : Président / Présidente : Catherine Mavrikakis
Examinateurs / Examinatrices : Christelle Reggiani, Jean-François Hamel, Jacques Cardinal

Résumé

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Cette thèse est consacrée à l'analyse de six récits parus en France dans les quinze dernières années et qui se donnent pour objet la souffrance de l'enfant : Viol de Danièle Sallenave (1997), L'Enfant éternel de Philippe Forest (1997), Le Cri du sablier de Chloé Delaune (2001), Tom est mort de Marie Darrieussecq (20117), les Mains gamines d'Emmanuelle Pagano (2008) et Un Petit viol de Ludovic Degroote (2009). Si l'enfance malheureuse est, de longue date, représentée dans la fiction romanesque, les récits qui composent le corpus de cette thèse se signalent par le déplacement singulier qu'ils opèrent dans le traitement de ce thème. Prenant acte de son caractère radicalement insensé, les auteurs de ces textes cherchent moins à rendre raison de ce scandale qu'à inventer les moyens linguistiques, stylistiques et narratifs qui permettent de l'exprimer sans en atténuer la part d'insondable et d'inouï. Tous différemment, ils cherchent à reproduire dans la matière textuelle ce vacillement de la raison, à introduire du flottement là où l'axiologie commande des jugements définitifs. Pour eux, la souffrance de l'enfant, avant d'être dénoncée, doit encore trouver les moyens d'être énoncée. Si bien que la représentation de l'enfance souffrante en vient à constituer une pierre de touche sur laquelle s'éprouvent la parole, la langue, le récit - enfin, la littérature. L'étude de ce corpus requiert de mener, dans un premier temps, des analyses minutieuses qui font appel à des outils et concepts puisés dans diverses théories et méthodes - la linguistique, la stylistique, la rhétorique, la pragmatique, la sémiotique, la narratologie -, afin de mettre en lumière les déplacements sémantiques et sémiologiques effectués par ces six auteurs sur le lexique et les modes usuels de signification. Dans l'esprit de la perspective sociocritique, le résultat de ces analyses sera ensuite projeté sur les structures actuelles de l'imaginaire social français, de manière à évaluer la pertinence épistémologique et la singularité de ces formations littéraires en regard des autres pratiques discursives contemporaines.