L'apprentissage de la loi : crime et justice en savoie : (XVIe - XVIIIe siècles)
Auteur / Autrice : | Hervé Guy Laly |
Direction : | Robert Muchembled |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 13 |
Résumé
Comment un petit Etat à l’existence incertaine s’y prend-il pour assurer l’ordre intérieur et pacifier la société ? La question est posée pour la Savoie à l’époque moderne, contrée périphérique du duché éponyme. Les populations ne sont pas purement et simplement réduites à l’obéissance par la coercition. La poursuite des délits est le moment d’un véritable apprentissage de la loi, qui n’est pas seulement le fait des justiciables. De leur côté, les juges apprennent à énoncer le droit pour qualifier le crime, préparant ainsi la transition pénale du siècle des Lumières, caractérisée par l’affirmation d’une justice rationnelle moins arbitraire. Ce double processus d’apprentissage est au coeur du questionnement et permet d’explorer l’articulation entre consentement et soumission. Le XVIIIe siècle n’a été abordé que pour fournir des points de comparaison. L’étude porte essentiellement sur les secondes moitiés des XVIe et XVIIe siècles, au moment où le système judiciaire change de nature. La volonté de discipliner la société en agissant sur la brutalité est une constante de la politique criminelle sénatoriale au cours de la période, mais, après 1650, le modèle conciliatoire des années 1560-1630 fait place à un dispositif répressif. Cependant, le duché de Savoie n’est pas un Etat-Léviathan tout puissant. Les autorités doivent composer avec les pouvoirs locaux et les traditions communautaires. Au terme de l’évolution, la dynamique centralisatrice finit cependant par imposer sa logique, provoquant un clivage à la fois politique et culturel entre les élites et le peuple.