Les rythmes d’une culture populaire : les politiques du sensible dans le maracatu-de-baque-solto, Pernambuco, Brésil.
Auteur / Autrice : | Laure Garrabé |
Direction : | Jean-Marie Pradier, François Laplantine |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse propose une contribution à une anthropologie esthétique dans une perspective interdisciplinaire où l’esthétique est interrogée entre ses compétences socialisante et individuante. Dans une critique constante du langage, elle observe comment les communautés réunies autour d’une esthétique (forme et affect) définissent, s’approprient et se socialisent à travers une pratique spectaculaire de la culture dite populaire. Le maracatu-de-baque-solto est une forme du spectacle vivant de Pernambuco (Brésil) élaborée par des paysans de la canne à sucre. Une fois inséré dans le circuit institutionnel urbain du carnaval, il connut des transformations formelles et symboliques aujourd’hui accélérées par les logiques de l’industrialisation et de la professionnalisation. La première partie analyse la formation de la société pernambucana où la structure des rapports de domination est appréhendée dans une approche socio-esthétique. La seconde déconstruit le système imagético-discursif de la pauvreté résultant des idéologies raciales et politiques dans lesquelles le maracatu s’est constitué. La troisième constitue une ethnographie du spectacle dans ses deux modalités, la fulgurance du carnaval et l’ordinaire de fêtes. Les arts de faire y sont distinctement négociés en fonction des logiques de la spectacularisation et du processus de création. Celles-ci résonnent dans la brincadeira, notion vernaculaire définissant l’ordre populaire du maracatu en tant que spectacle et mode de créer. Dans la société maracatuzeira, elle décline un mode d’être sur le mode du faire s’articulant sur l’exigence d’une contribution personnelle à la collectivité dans les limites de la tradition. Les rythmes, ou manières singulières de fluer, d’une communauté, observés à partir de la production, mise en scène et transmission de formes et normes esthétiques collectivement investies, permettent d’interroger la fabrique d’une culture par-delà le jeu de son institutionnalisation.