Thèse soutenue

Mémoire et écriture des génocides turc et nazi dans les œuvres de Grigoris Balakian, Vahram Dadrian, Abraham Hartunian, Papken Injarabian, Robert Antelme, Primo Levi et Jorge Semprun

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Auteur / Autrice : Pruneline Carbonnel-Prentice
Direction : Guy Dugas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance le 19/02/2010
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; ....-2014)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : L'INSTITUT DE RECHERCHE INTERSITE ETUDES CULTURELLES
Jury : Président / Présidente : Michel Collomb
Examinateurs / Examinatrices : Guy Dugas, Michel Collomb, Bruno Gelas, Cathernie Coquio, Daniel-Henri Pageaux
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Gelas, Cathernie Coquio

Résumé

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Au crépuscule d'une expérience génocidaire comme la catastrophe arménienne ou la Shoah, les témoins font face à la gageure d'une reconstruction, tant physique que morale, dans une société humaine aux contours éthiques brisés : tout sens et tout repère semblent ruinés. Chacun affronte un ardu retour à l'humanité et à une identité niée par les bourreaux. Cet itinéraire de reconstruction, qui mène de l'inhumain à l'humain, met en évidence une posture difficile entre parole et silence, qui frappent sur l'écueil de l'indicible. Du caractère indicible de l'expérience génocidaire découle le dilemme invalidant vécu par le témoin tiraillé entre une mémoire sclérosante et un nécessaire devoir de mémoire. L'indicibilité du crime masque plutôt une incommunicabilité : l'expérience est tellement hors de toute limité qu'elle semble annihiler toute possibilité de compréhension d'un tiers. Les survivants optent alors pour une échappatoire scripturaire qui n'est pas sans entraîner une refondation des concepts de réception, et une tentative ou tentation de poser les bases d'une esthétique littéraire inédite, propre aux témoignages issus de génocide, par delà les paradoxes, la littérature servant la vérité. Les rescapés arméniens, confrontés à la négation de la catastrophe, refusent ce recours à la littérature et condamnent malgré eux leurs témoignages à la confidentialité. Seule la culture et le jeu de ses références, lien entre le déporté et le tiers récepteur, parvient à dépasser la barrière éthique que s'imposent les survivants arméniens. La culture, mise à mal et révélée par les génocides, s'avère une force à même de sublimer l'existence la plus abjecte et l'écriture la plus improbable.