Thèse soutenue

Modernité et postmodernité francophones dans les écritures de violence : le cas de Rachid Boudjedra et de Sony Labou Tansi

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Auteur / Autrice : Thierno Dia Toure
Direction : Charles Bonn
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et arts
Date : Soutenance le 22/11/2010
Etablissement(s) : Lyon 2 en cotutelle avec Université de Saint-Louis (Sénégal)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages XX-XXI
Jury : Président / Présidente : Martine Mathieu-Job
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Ranaivoson, Bruno Gelas

Résumé

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Essentiellement circonscrites dans la diégèse, la modernité et la postmodernité du roman africain francophone constituent moins deux esthétiques opposées, qu’elles ne s'identifient à une « coopération textuelle ». Le travail de réécriture de la première, par la seconde, prolonge et renouvelle le projet littéraire du roman africain francophone. Dès lors, la modernité littéraire de ce dernier s'inscrit, au-delà d’un déterminisme, dans une dynamique et un dynamitage textuels. Le texte, considéré dans son « insularité », fonde une littérarité surdéterminée, sinon par une logique de violence, du moins par un principe de subversion, qui s’expliquent par un rapport « problématique du langage » et par une volonté « de créer son propre lieu de parole ». Ce qui conduit à une esthétique structurale promouvant un formalisme élaboré et dominant, dont l'impact moderne en terme de renouvellement et d'inventivité investit davantage le signifiant qu'il n'incarne le signifié. Aussi la postmodernité littéraire désigne-t-elle ce par quoi le roman africain francophone dévie la tentation du fétichisme formel. Ainsi décentre-t-il son enjeu esthétique vers un travail de reconstruction de récits, insistant davantage sur les thèmes, les chroniques et autres histoires de violence. L'hétérogénéité, l'hybridation, la dissémination et les « jeux de langage » (banalisation, ironie, ludisme et effet d'irréel) incarnent des pratiques narratives de cette écriture du tragique. Par conséquent, cette dernière, plutôt qu'une représentation de la crise ou une crise de la représentation, procède d'une « mise en crise », lieu esthétique qui ouvre les potentialités créatrices d'un art poétique postmoderne. Finalement, au-delà des écritures de violence, la modernité et la postmodernité littéraires résultent, fondamentalement, d'un renversement d'optique propre au déploiement (ou redéploiement) de la subjectivité dans le roman africain de langue française. Subjectivité littéraire dont le bien-fondé consiste à dessiner deux cartographies narratives, moderne et postmoderne, par lesquelles les littératures, maghrébine et négro-africaine, d'expression française, balisent une voie d'accès à la Weltliteratur.