Thèse soutenue

L'iconographie de sainte Anne en Espagne à la fin du Moyen Age

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Auteur / Autrice : Alfonso de Salas
Direction : Christian Heck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Lille 3

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette thèse étudie les particularités de l'iconographie espagnole de sainte Anne à la fin du Moyen Age et plus concrètement pendant la période 1475-1525, afin de déceler ses apports et ses lacunes par rapport à l'iconographie générale sur ce thème à la même époque. Partant d'une recherche documentaire extrêmement riche, des comparaisons sont établies avec la production étrangère, mais aussi avec les images espagnoles produites avant et après la période de référence. Trois conclusions majeures se dégagent, à savoir : (a) régularité de la production espagnole d'images de sainte Anne, en contraste frappant avec ce qui arriva dans les pays septentrionaux ; (b) absence d'innovation (maintien des grands thèmes généalogiques et narratifs qui eurent cours au XVe siècle directement en rapport avec l'enfance de la Vierge : absence de l'Education de la Vierge et d'Anna gravida ; présence de l'Allégorie de la Conception immaculée). On peut constater un attachement très fort de l'Espagne à ses vieilles images généalogiques, narratives et théologiques avec, par exemple, persistance dans le rejet complet du thème du Trinubium, des images des Trois Marie et des Sainte Parenté protéiformes (rejet au profit des vieilles sainte Anne trinitaire et des images naturalistes de Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant, ainsi que de l'iconographie de la "sainte Famille" résultant de l'adjonction de saint Joachim et saint Joseph). Dans l'art espagnol, les cinq personnages furent de plus en plus placés dans un contexte mystique et dévotionnel tourné vers les pressentiments de la Passion. De même, ces images familiales servirent à exprimer, au-delà de la généalogie du Christ, sa sainte Humanité ; (c) persistance de l'esprit "médiéval" dans l'iconographie espagnole de sainte Anne non seulement pendant le règne des Rois Catholiques, mais bien au-delà. Les territoires péninsulaires restèrent fidèles à l'imagerie de toujours, aussi bien dans ses typologies que dans son esprit. Cette iconographie signifie en tout cas l'absence d'une véritable annalatrie espagnole (rareté des Vita et des gravures ; visées non-lucratives de son culte et sa dévotion en espagne ; inexistence d'images en faveur de l'achat de cierges ou indulgences ; rareté d'objets espagnols liés à sainte Anne et destinés à la dévotion privée ; absence du thème de la Charité de Joachim et Anne. Il faut en revanche signaler à quel point les images commandées, en particulier les retables, visaient la renommée du commanditaire et le fait que les images de sainte Anne figurant dans les lieux publics y avaient été placées dans des buts pratiques ; protection contre l'épidémie, secours à l'heure de la mort, etc. Une protection et un secours mis à la portée de tout un chacun, la sainte n'étant pas, en Espagne, l'apanage exclusif de la bourgeoisie, très faible, ni d'aucune autre catégorie sociale