L'amour de Dieu dans les limites de la simple raison : foi et raison dans la pensée d'Ibn Taymiyya à la lumière de la théologie spirituelle d'Elie de Nisibe
Auteur / Autrice : | Laurent Basanese |
Direction : | Pierre Lory, Samīr H̱alīl Samīr |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences religieuses |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE en cotutelle avec Pontificio istituto di studi arabi e d'islamistica |
Jury : | Président / Présidente : Michel Lagarde |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Lory, Samīr H̱alīl Samīr, Michel Lagarde, Geneviève Gobillot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Lagarde, Geneviève Gobillot |
Résumé
Il est souvent affirmé que le christianisme et l’islam se rejoignent sur le plan de la spiritualité, surtout lorsque leurs dogmes respectifs sont mis en veilleuse. Mais lorsque des Chrétiens et des Musulmans évoquent « l’amour de Dieu » comme terrain d’expérience commune, de quoi parle-t-on ? Et de quel Dieu s’agit-il ? Nous soutenons que la « foi seule » ne suffit pas à qualifier la relation d’amour à laquelle le croyant prétend souvent : l’usage et la fonction de la raison œuvrant en son sein sont beaucoup plus déterminants. Par l’étude critique, l’édition et la traduction inédite d’ouvrages d’Élie, évêque syro-oriental de Nisibe au XIe / Ve siècle, et d’Ibn Taymiyya, docteur hanbalite au XIVe / VIIe siècle, nous entrons au cœur de ces deux systèmes de pensée, suite à la mise au point des connaissances scientifiques les concernant, et l’établissement du lien historique qui les relie : Élie de Nisibe est, en effet, le responsable indirect de la fameuse et longue « Réponse valide à ceux qui ont altéré la religion du Messie » d’Ibn Taymiyya, sans cesse republiée depuis 1905 / 1332 en langue arabe. Après une ébauche de réponses à la Réponse, nous montrons, d’une part, que « l’amour » auquel nos deux dignitaires religieux font référence ne se présente pas sous une figure identique et que, d’autre part, leurs affirmations respectives de la non-contradiction entre foi et raison sont loin d’avoir les mêmes implications. La manière dont un croyant rend compte de son credo et met à l’épreuve sa cohérence dans sa vie personnelle, communautaire et politique, manifeste en effet, au plus haut point, ce qu’il entend par « amour » et indique, par-là même, le visage de son Dieu.