Thèse soutenue

Dictionnaires et communication : approche syncrétique de la dictionnairique chromatique
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Auteur / Autrice : Pascale Tardivel-Pouzadoux
Direction : Jean Pruvost
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Cergy-Pontoise
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et Science politique (Cergy, Val d'Oise))

Mots clés

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Résumé

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Les dictionnaires, outils de savoir, sont devenus des objets de grande consommation et doivent communiquer avec leur lectorat. Leur communication extrinsèque, à travers leur couverture, idéalise leur image et les rapproche de leurs consommateurs, mais c’est leur communication intrinsèque, à travers les choix du lexique et leur traitement définitionnel, qui peut les en éloigner. Elle marque le décalage parfois prégnant entre la norme proposée pour un mot et son usage par les locuteurs, notamment pour le vocabulaire chromatique. Il s’agit, pour les mots de couleur, de bien identifier les écarts sémantiques entre le discours lexicographique, présenté comme une norme, et les « définitions naturelles », propres au lectorat. L’étude lexicale des mots de couleur met particulièrement en relief l’écart entre deux approches distinctes, celle de la lexicographie traditionnelle représentant la norme et celle relevant d’une observation de l’usage. Du point de vue lexicographique traditionnel, la définition du mot de couleur sera normative et fondée sur le point de vue du rédacteur par rapport à l’idée qu’il se fait du bagage culturel commun. Elle impose une vision dénotative qui reste pratiquement la même dans toute la dictionnairique. Une enquête sociolinguiste menée pendant deux ans auprès d’un public hétérogène sur la définition naturelle montre qu’il existe des disparités entre la norme proposée dans une définition de couleur et l’usage ou la compréhension de celle-ci, à l’exemple du kaki, largement défini par le public comme un vert et défini par le lexicographe comme un jaune-brun. Ces interprétations et ces occurrences, d’un implicite partagé fondé sur le bagage culturel commun des usagers de la langue, donneront des définitions dont les champs sémantiques sont souvent absents de la norme lexicographique. La définition lexicographique ne propose pas une approche qui permettrait d’en percevoir les nuances subjectives et pourtant référentielles. C’est le constat de cette disparité, de cet écart culturel entre le discours lexicographique et l’usage en vigueur, qu’il est nécessaire d’analyser et de répertorier, pour revisiter une lexicographie qui impose la norme. In fine, la proposition d’une nouvelle communication associant les définitions naturelles et lexicographiques permettrait une approche plus en accord avec le discours : une sorte de syncrétisme définitionnel ouvrant de nouvelles perspectives à la dictionnairique chromatique.