Thèse soutenue

Décentralisation et performance des services de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans les pays à faibles ressources : l'expérience du Cameroun

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Auteur / Autrice : Sylvie Boyer
Direction : Jean-Paul Moatti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 15/07/2010
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Sciences Economiques et de Gestion d'Aix-Marseille (Aix-en-Provence ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Christophe Muller
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Moatti, Christophe Muller, Jacky Mathonnat, Alan Whiteside, Eric Delaporte
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacky Mathonnat, Alan Whiteside

Résumé

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L’objectif d’accès universel aux traitements antirétroviraux (ARV), adopté officiellement en 2006 par les Etats membres des Nations Unies, implique la décentralisation de la prise en charge de l’infection à VIH au niveau des districts de santé et l’accessibilité économique des services de santé et traitements pour les ménages touchés par la maladie. Les enjeux posés par les politiques de passage à l’échelle de l’accès aux ARV dans les pays à faibles ressources ont ainsi conduit récemment à un regain d’intérêt pour la recherche opérationnelle, et redonné une actualité particulière à l’évaluation en profondeur des processus de décentralisation, en fournissant un angle d’analyse de cette politique jusqu’à présent inexploré par l’économie appliquée. Intégrée au sein d’un programme concerté de recherche conduit au Cameroun, cette thèse cherche à évaluer la performance de cette politique, notamment du point de vue de l’efficacité des services VIH et de leur accessibilité économique pour les ménages. La première partie de la thèse est consacrée à l’analyse des relations entre décentralisation de l’offre de soins pour l’infection à VIH et efficacité des services délivrés. Les analyses, réalisées à partir de modèles de régression multi-niveaux, montrent que les services VIH décentralisés obtiennent d’aussi bons résultats que les services centralisés, voire même de meilleurs résultats pour certains critères, tels que l’observance et la qualité de vie mentale. Elles mettent également en évidence que les caractéristiques de l’offre de soins, dont notamment la disponibilité en ressources humaines qualifiées et la charge de travail des personnels soignants, jouent un rôle non négligeable dans l’explication des différences observées dans la performance des services.La seconde partie s’intéresse à l’analyse de l’accessibilité économique des soins et traitements de l’infection à VIH. L’analyse des déterminants de l’accès au traitement antirétroviral révèle l’existence d’inégalités d’accès liées à la fois à des facteurs socio-économiques et à des facteurs structurels. Les résultats montrent également que les coûts directs de la maladie sont considérables au regard des ressources des ménages, que leur distribution est régressive par rapport aux revenus et que de multiples facteurs socio-économiques limitent l’efficacité de la prise en charge.L’expérience du Cameroun montre la faisabilité et la pertinence, au regard des objectifs de la lutte contre le VIH, d’une stratégie de diffusion du traitement par antirétroviraux s’appuyant sur une décentralisation de l’offre de soins, sous réserve toutefois que les systèmes de santé soient renforcés, notamment en termes de ressources humaines, et que des réformes innovantes du financement de la santé soient entreprises, réduisant, de façon substantielle, les paiements directs à la charge des populations.