Thèse soutenue

De la reconstruction à l'augmentation du corps humain en médecine restaurative et en cybernétique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Judith Nicogossian
Direction : Gilles Boëtsch
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie bioculturelle
Date : Soutenance le 10/09/2010
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Sciences de l'Environnement (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Anthropologie bio-culturelle, droit, éthique et santé (Marseille)
Jury : Président / Présidente : Yannick Jaffre
Rapporteurs / Rapporteuses : Bernard Andrieu, Antonio Guerci

Résumé

FR  |  
EN

Aux confluences historiques et conceptuelles de la modernité, de la technologie, et del’« humain », les textes de notre corpus négocient et interrogent de façon critique lespossibilités matérielles et symboliques de la prothèse, ses aspects phénoménologiques etspéculatifs : du côté subjectiviste et conceptualiste avec une philosophie de laconscience, avec Merleau-Ponty ; et de l’autre avec les épistémologues du corps ethistoriens de la connaissance Canguilhem et Foucault. Le trope prometteur de laprothèse impacte sur les formations discursives et non-discursives concernant lareconstruction des corps, là où la technologie devient le corrélat de l’identité. Latechnologie s’humanise au contact de l’homme, et, en révélant une hybridité supérieure,elle phagocyte l’humain du même coup.Ce travail d’anthropologie bioculturelle (Andrieu, 1993; Andrieu, 2006; Andrieu,2007a), au croisement d’une sociologie des sciences (Latour, 1989), ou encore d’uneanthropologie des sciences (Hakken, 2001), se propose en tant qu’exemple de lacontribution potentielle que l’anthropologie biologique et culturelle peut rendre à lamédecine reconstructrice et que la médecine reconstructrice peut rendre à la plastique del’homme ; l’anthropologie biologique nous concerne dans la transformation biologiquedu corps humain, par l’outil de la technologie, tant dans son histoire de la reconstructionmécanique et plastique, que dans son projet d’augmentation bionique. Nous établironsune continuité archéologique, d’une terminologie foucaldienne, entre les deux pratiques.Nous questionnons les postulats au sujet des relations nature/culture, biologie/contextesocial, et nous présentons une approche définitionnelle de la technologie, pierreangulaire de notre travail théorique. Le trope de la technologie, en tant qu’outil adaptatifde la culture au service de la nature, opère un glissement sémantique en se plaçant auservice d’une biologie à améliorer. Une des clés de notre recherche sur l’augmentationdes fonctions et de l’esthétique du corps humain réside dans la redéfinition même de cesrelations ; et dans l’impact de l’interpénétration entre réalité et imaginaire dans laconstruction de l’objet scientifique, dans la transformation du corps humain.Afin de cerner les enjeux du discours au sujet de l’« autoévolution » des corps, lesthéories évolutionnistes sont abordées, bien que ne représentant pas notre spécialité.Dans le cadre de l’autoévolution, et de l’augmentation bionique de l’homme, la7somation culturelle du corps s’exerce par l’usage des biotechnologies, en ruptureépistémologique de la pensée darwinienne, bien que l’acte d’hybridation évolutionnistesoit toujours inscrit dans un dessein de maximisation bionique/génétique du corpshumain. Nous explorons les courants de la pensée cybernétique dans leurs actions detransformation biologique du corps humain, de la performativité des mutilations. Ainsitechnologie et techniques apparaissent-elles indissociables de la science, et de sonconstructionnisme social.