Thèse soutenue

Etude de l'influence de la catégorisation sociale sur les processus perceptifs : une approche comportementale et électrophysiologique

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Auteur / Autrice : Benoît Montalan
Direction : Mohamed Rebaï
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Neurosciences cognitives
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Rouen

Mots clés

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Résumé

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Traditionnellement, la catégorisation sociale est appréhendée comme un antécédent sociocognitif à de nombreux phénomènes sociaux étudiés dans le domaine des perceptions et relations intergroupes. Aujourd'hui, les méthodes d'investigation cérébrale permettent d'appréhender la catégorisation sociale avec un œil nouveau, et notamment au regard de son éventuelle influence sur les processus perceptifs sous-tendant le traitement d'objets à forte connotation sociale (les visages et les mots). En effet, alors que les partisans d'une approche modulaire du système visuel considèrent que les processus perceptifs sont exemptés de toute pénétrabilité (socio)cognitive, de plus en plus d'évidences expérimentales tendent à souligner que ces derniers sont assujettis à des effets top-down. A ce titre, notre contribution expérimentale visait à mettre en évidence l'existence d'une pénétrabilité sociocognitive des processus perceptifs en lien avec la catégorisation sociale. Pour répondre à cet objectif, nous avons utilisé la mesure de Potentiels Evoqués (PE), cet outil étant particulièrement approprié pour étudier les différentes étapes de traitement, et en particulier perceptives, d'une stimulation visuelle. Après avoir passé en revue les principaux travaux sur la catégorisation des objets physiques et sociaux et évoqué les données et les interprétations relatives aux implications perceptives d'une catégorisation raciale (l'effet de race), nous avons poursuivi deux objectifs. Le premier visait à spécifier au niveau neuronal les effets d'une catégorisation raciale sur les processus perceptifs et sur le traitement de l'expression faciale émotionnelle. Le second s'est attaché à spécifier, à partir du paradigme des groupes minimaux, l'influence de la catégorisation sociale sur le traitement perceptif de stimuli faciaux et langagiers. Les données recueillies au terme de nos différentes investigations ont montré que 1) la catégorisation sociale - raciale et minimale - est susceptible d'influencer sur un mode top-down les processus perceptifs dédiés au traitement facial, 2) cette discrimination perceptive des visages sur la base d'une catégorisation raciale tend à opérer de manière automatique et irrépressible, 3) l'instauration d'une catégorisation raciale confère à l'endogroupe un avantage dans le traitement de l'expression faciale émotionnelle et 4) les effets de la catégorisation sociale sur les processus perceptifs peuvent être étendus au traitement de stimuli non faciaux (langagiers). L'ensemble de nos données indique que les processus perceptifs peuvent être l'objet d'une pénétrabilité sociocognitive consécutive à des effets top-down d'ordre motivationnel induits par la catégorisation sociale.