Thèse soutenue

Marchands et banquiers du seigneur. Lexiques chrétiens de la richesse et de l'administration monastiques entre la fin du IVe et le début du IXe siècle

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Auteur / Autrice : Valentina Toneatto
Direction : François Bougard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et archéologie des mondes anciens
Date : Soutenance le 28/11/2009
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Laurent Feller
Examinateurs / Examinatrices : François Bougard, Laurent Feller, Mathieu Arnoux, Jean-Michel Carrié, Josiane Barbier, Giacomo Todeschini
Rapporteurs / Rapporteuses : Mathieu Arnoux, Jean-Michel Carrié

Résumé

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À partir du IVe siècle, dans la littérature épiscopale et monastique, un lexique récurrent emprunte au monde économique gréco-romain les termes pour indiquer de nouveaux domaines sémantiques propres au christianisme, notamment le problème du salut et la dialectique de la rédemption. Grâce à ce langage métaphorique, la thésaurisation, l’investissement, le commerce, l’usure, l’endettement deviennent objets d’analyse et de réflexion, au lieu d’être simplement condamnés comme on le lit souvent. Cette étude est construite sur l’interprétation de ce langage théologico-économique dans les textes homilétiques des Pères de l’Église et les règles monastiques (fin IVe-début IXe s.). Il est nécessaire de comprendre la fonction de ce langage dans la construction d’une nouvelle façon de penser les échanges matériels, qui met en relation directe les comportements économiques des hommes et le salut dans l’au-delà, pour s’interroger ensuite sur son rôle dans la formation d’une rationalité économique et administrative médiévale. Dans ses discours sur l’avarice, la pauvreté et l’aumône, la patristique définit en effet les règles d’un comportement économique chrétien et détermine l’usage correct de la richesse en vue d’une gestion chrétienne dans la sphère privée et publique. Les catégories du « bon » et du « mauvais » chrétien commencent à intégrer des notions d’ordre économique, tandis que l’inclusion/ exclusion de la société des fidèles se joue aussi sur la base des comportements économiques. Le monde monastique occidental qui s’épanouit à partir de la fin du IVe siècle hérite de cette tradition lexicale patristique, en produisant à son tour des catégories administratives fondatrices d’une rationalité économique médiévale. Les méthodes d’enquête utilisées et les problèmes posés relèvent d’une histoire des pratiques et du pouvoir : les pratiques de la langue et de la construction de vocabulaires spécialisés, dont la valeur concrète réside dans la capacité à signifier les choses, à forger la réalité, à modeler les conduites et le pouvoir produit et légitimé par la création d’un langage d’autorité.