Répétition et mécanisme chez Feydeau (1880-1916). Comédie, psyché, langage
Auteur / Autrice : | Violaine Heyraud |
Direction : | Christian Biet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Résumé
Maître du vaudeville de 1880 à 1916, Feydeau renouvelle un genre en désuétude en en compliquant le mécanisme. Pourtant, il fonde sa dramaturgie sur un procédé rebattu, la répétition. A l’intérieur d’une même intrigue, Feydeau recycle malentendus, situations, jeux verbaux et gestuels. Ce système, fondé sur un procédé mécanique et en apparence consensuel comme la répétition, devient une machine à vertige qui produit les conditions de son dysfonctionnement et dit sa propre faillite. Par une dramaturgie mécaniste, une poétique et une stylistique répétitives, Feydeau explore la notion même de mécanisme, en questionne les vices de construction et les risques de déraillement. Feydeau tente de cerner la place de l’humain dans le mécanisme : la scène servirait de laboratoire mettant à l’épreuve les systèmes de pensée de la « Belle Époque ». À la fin d’un siècle dominé par une conception déterministe des lois de la nature et des destins individuels, Feydeau questionne la liberté de personnages soumis à un système contraignant et à une vitesse accélérée. Le mécanisme psychique, lui, semble régulé et ébranlé par des pulsions répétitives. Contemporain de Charcot et de Freud, Feydeau met en scène crises d’hystérie, hypnotiseurs névrosés, situations fantasmatiques et cauchemardesques. Enfin, à l’heure où Saussure conçoit la langue comme un système arbitraire, Feydeau donne à entendre des mots qui s’usent à chaque profération. Cette étude se propose non seulement de réévaluer la modernité de l’auteur mais aussi d’inclure Feydeau et la comédie vaudevillesque dans les grilles de lecture qui nous aident à mieux comprendre l’entre-deux siècles et ses contradictions.