Thèse soutenue

La prise de parole des internautes chinois : normes sociales et naissance des mobilisations en ligne

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Auteur / Autrice : Séverine Arsène
Direction : Jean-Philippe Béja
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Devant la recrudescence des mobilisations en ligne en Chine, cette thèse s'attache à décrire sous quelles conditions des causes peuvent franchir les barrières de la censure, recueillir l'assentiment de publics nombreux et ainsi devenir de véritables problèmes publics. Pour ce faire, cinquante internautes pékinois ont été interrogés sur les motifs qui les poussent à prendre ou non la parole en ligne. Ces entretiens ont permis de montrer que les mobilisations en ligne sont cadrées (Goffman) par une idéologie dominante, qui érige un style de vie considéré comme "moderne" en modèle de société. Internet et a fortiori l'expression personnelle en ligne tiennent une place privilégiée au sein de cette idéologie. C'est en son nom que la plupart des internautes affirment écarter toute forme d'expression politique en public. Cela n'exclut pas l'expression en ligne d'une certaine distance vis-à-vis des discours officiels, sous forme codée ou en privé. De plus, la définition même de la modernité est fluctuante, et fréquemment mise à l'épreuve lors de scandales. Les mobilisations en ligne apparaissent ainsi comme des jeux complexes de cadrage ou de mise en récit qui impliquent de nombreux acteurs, "porteurs de causes", médias, autorités et publics divers, qui tous se réclament d'une "modernité à la chinoise". Ce processus donne aux citoyens une certaine marge de manœuvre pour défendre leurs droits. Les mobilisations qui en découlent pourraient n'être, cependant, que des accidents, une forme d'ajustement dans un processus plus vaste de normalisation de la société chinoise.