Thèse soutenue

''Rire et douter'' : lucianisme, septicisme(s) et pré-histoire du roman européen (XVème -XVIIIème siècle)

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Auteur / Autrice : Nicolas Correard
Direction : Françoise Lavocat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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Peut-être le plus grand auteur ménippéen de l'Antiquité, sans doute le plus influent de la Renaissance aux Lumières, Lucien de Samosate satirisait les philosophes discordants. Sur son exemple, Alberti, Érasme, Rabelais, Quevedo, Cyrano, Swift, Voltaire, Sterne et bien d'autres (Galateo, Vives, Doni, Des Périers, Cunaeus, Saavedra Fajardo, Cavendish, Fontenelle, Prior, Peacock) satirisent les disputes savantes de leur temps, prenant pour cibles les métaphysiciens chimériques, les maîtres humanistes, les théologiens querelleurs, les pédants qui dogmatisent, les historiographes minutieux, les savants expérimentaux ou les philosophes systématiques. Notre thèse parcourt ce vaste corpus suivant un plan chrono-thématique : la première partie s'attache aux formes de la satire à la Renaissance, quand l'incrédulité lucianesque, le doute sceptique, l'anti-intellectualisme cynique et la réprobation chrétienne de la lidido sciendi se conjuguent dans la critique railleuse de la vanité et de l'incertitude affectant les discours savants. La seconde montre la marginalisation progressive de ce type d'écriture serio-comique, désormais perçu comme « littéraire », au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Destinée à être absorbée par le roman, cette tradition de la fiction pré-moderne permet de critiquer l'excès de savoir et d'intellectualité, de méditer en moraliste sur les limites de la connaissance, parfois de reconnaître humblement son ignorance pour la donner en exemple. Pour être comprise, l'invention fantaisiste ne doit pas être détachée de son enjeu épistémologique : quand la fiction traite les savoirs de fables et les doctes de fabulateurs, le rire est souvent l'autre face du doute.