Thèse soutenue

Savants, conseillers, médiateurs : les arabisants et la France coloniale (vers 1830-vers 1930)

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Auteur / Autrice : Alain Messaoudi
Direction : Daniel Rivet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Destinée à apporter une contribution historique au débat sur l'articulation de l'orientalisme savant avec les projets colonisateurs et les réalités de la domination coloniale, la reconstitution du milieu savant des arabisants français et de leurs collaborateurs permet d'identifier des drogmans, des interprètes militaires, des érudits et des professeurs qui, par leurs traductions, leurs écrits et leurs enseignements, ont contribue aux représentations françaises des sociétés arabes. Celles-ci sont loin d'être uniformément négatives et hautaines : l'élan sympathique qui caractérise les générations romantiques des jeunes élites libérales avant 1830, et qui a suscité d'assez nombreuses vocations d'arabisants, se poursuit tard dans le siècle. Malgré les violences de la guerre de conquête, il continue à marquer la haute administration en charge de l'Afrique du Nord. On le retrouve dans des projets concurrents de régénération de la langue arabe. Le tournant scientifique qui marque les études arabes après 1870 s'accompagne d'une distance nouvelle qui tend à creuser l'écart entre les savants européens et leur objet d'étude. La volonté politique de constituer un groupe médian en développant l'enseignement de l'arabe dans les écoles normales d'instituteurs et les établissements secondaires en Afrique du Nord ne survit pas aux conséquences de la Grande Guerre. Si les études arabes continuent à se déployer jusqu'aux décolonisations, à Paris, à Alger et, depuis les années 1920, à Damas, elles ont perdu leur assise politique, sans que les arabisants parviennent à se démarquer de leur engagement dans un projet colonial dont la dimension arabe française s'est peu à peu effacée.