Thèse soutenue

Mycobactéries atypiques chez les amphibiens

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Auteur / Autrice : Norin Chai
Direction : Marie-Claude Bomsel-Demontoy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pathologie des amphibiens
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Chris Walzer
Examinateurs / Examinatrices : Henri-Jean Boulouis, Odile Bronchain, Gerardo García León
Rapporteurs / Rapporteuses : André Mazabraud

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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A partir des années 1950 les publications de plus en plus nombreuses ont attiré l'attention sur la responsabilité indiscutable de mycobactéries différentes du bacille de la tuberculose dans le déroulement d'un certain nombre de processus pathologiques. En santé humaine, les mycobactéries atypiques occupent une place très importante, surtout chez les immunodéprimés. Chez les Amphibiens, de nombreuses espèces ont été isolées : Mycobacterium abscessus, M. Chelonae, M. Fortuitum, M. Marinum, M. Gordonae, M. Szulgai, M. Ulcerans-like, M. Liflandii, M. Ranae, M. Thamnospheos et M. Xenopi. Dans les laboratoires de recherche, les épizooties de mycobactérioses représentent de véritables catastrophes sur le plan économique et scientifique. Malgré ce risque, les études effectuées sur les plus grands centres de recherche montrent des défaillances zootechniques flagrantes, propices à l’apparition, au mieux de pathologies non infectieuses ou infectieuses ponctuelles, au pire d’épizooties infectieuses voire mycobactériennes. Dans les animaleries expertisées, à la gestion et aux infrastructures différentes, des épizooties mycobactériennes ont été observées et étudiées. La première était due à M. Szulgai, une mycobactérie atypique encore méconnue. Si quelques cas ont été décrits chez l’Homme, ce rapport en constitue la première description chez un amphibien. Tous les animaux présentaient de multiples nodules de tailles différentes sur différents organes et ce, avec absence de signes cutanés importants. L’infection semble donc essentiellement asymptomatique. La seconde épizootie étudiée, plus « classique », était due à M. Gordonae, germe extrêmement fréquent dans l'environnement. Dans le cas présent, une révision des conditions d’élevage représentait une priorité dans la prévention de cette affection. La troisième épizootie, encore dans une colonie de X. Tropicalis, était due à une mycobactérie ulcerans-like, M. Liflandii. Notre cas représente le premier cas en France et le troisième répertorié. L’isolement de plusieurs pontes issues de couples infectés nous a montré que les animaux atteints par ces mycobactéries pouvaient se reproduire normalement et fournir des portées viables voire utilisables. Outre ces résultats intéressants, nous avons démontré objectivement la présence de BAAR dans les têtards, sans pour autant certifier une manifestation clinique. A notre connaissance, les mycobactéries n’avaient jamais été isolées sur les têtards d’amphibiens. On peut esquisser pour nos trois épizooties, deux grands types de facteurs déterminants. Pour M. Szulgaï et M. Gordonae, nous pencherions plutôt sur la concordance des conditions d’entretiens et de la gestion zootechniques. Même s’ils étaient bons, les paramètres zootechniques n’étaient pas optimums. En revanche, pour M. Liflandii, ce serait plutôt un changement brusque de l’environnement (panne des pompes à eau) qui aurait déclenché l’épizootie. Nous retrouvons l’omniprésence mycobactérienne, lors d’une recherche comparative de mycobactéries sur un autre modèle d’étude, le médaka (Oryzias latipes). Dans un élevage de quarantaine, nous avons même montré une très forte prévalence de mycobactériose clinique et sub-clinique. Nous avons testé sans succès deux nouveaux outils diagnostics : recherche de mycobactéries dans les aérosols par un matériel d’extraction d’air et électrophorèse des protéines sanguines. A l’inverse des Oiseaux, chez les Amphibiens, l’électrophorèse n’est donc pas un examen complémentaire à inclure dans une consultation de routine pour détecter précocement une infection à mycobactérienne. Potentialiser les paramètres zootechniques pour apporter aux amphibiens des conditions de vie optimales représente de loin la meilleure lutte préventive. Parallèlement, il est indispensable de mettre tous les efforts pour réduire au mieux les charges bactériennes bien qu’il soit impossible d’obtenir des milieux « mycobactéries-free ». Enfin, imposer des règles d’hygiènes, de suivis vétérinaires et des conduites à tenir devant un cas clinique représente d’excellentes méthodes de prévention. La vaccination et la création de lignées résistantes semblent être des voies intéressantes à explorer.