Thèse soutenue

Les chiroptères paléokarstiques d'Europe occidentale, de l'Éocène moyen à l'Oligocène inférieur, d'après les nouveaux matériaux du Quercy (SW France) : systématique, phylogénie, paléobiologie

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Auteur / Autrice : Élodie Maitre-Rigaud
Direction : Bernard SigéGilles Escarguel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Lyon 1

Résumé

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La prise en compte de 90 gisements à chiroptères d’Europe occidentale, principalement des phosphorites du Quercy, permet de préciser l’évolution et la diversité de ce groupe de mammifères en milieu karstique depuis l’Eocène moyen (~44 Ma) jusqu’au tout début de l’Oligocène supérieur (~29 Ma). A partir de l’observation et de la comparaison des morphologies et des dimensions de plus de 20 000 spécimens dentaires, sont identifiés : sept familles, dont une nouvellement nommée ; dix genres, dont deux nouveaux, et un nouveau sous-genre ; 52 espèces dont 21 nouvelles et 5 laissées en nomenclature ouverte. Ce travail systématique et taxonomique réalisé sur un intervalle de temps d’environ 15 Ma. , nous amène à identifier plusieurs lignées phylétiques pour chacun des genres identifiés ; et à considérer plus précisément les liens phylogénétiques possibles entre les différents groupes. La mise en évidence de la nouvelle famille des Mixopterygidae permet ainsi de considérer comme proches deux grandes familles actuelles et connues à l’état fossile, les Emballonuridae et les Hipposideridae. Ces résultats issus d’une analyse morphologique et biométrique, sont confrontés aux hypothèses de phylogénie moléculaire. D’autre part, la reconsidération systématique d’un des genres étudiés, Necromantis, permet une meilleure connaissance de l’ordre des chiroptères et de ses origines grâce à la mise en évidence d’un schéma morphologique primitif des molaires inférieures : la nécromantodontie. L’identification des différentes espèces, puis de stades-repères biochronologiques, caractérisés par le degré d’évolution morphologique et dimensionnel de la ou des espèces présentes à un instant donné, permet de proposer une datation relative pour les gisements peu ou non encore étudiés ni datés, et d’apporter des informations complémentaires vis-à-vis des gisements mieux connus, datés par la méthode des âges numériques. D’autres outils d’évaluation de la diversité taxonomique fossile sont abordés et illustrés à partir du matériel surtout dentaire ici étudié. L’observation et la compréhension des faunes actuelles permettent d’accéder à de nouvelles informations au niveau fossile. Deux approches plus quantitatives sont effectuées pour mieux comprendre l’agencement de ces faunes. Tout d’abord, une analyse en composantes principales de la forme de la prémolaire la plus postérieure (P4/4) et des molaires montre que le rapport longueur/largeur est caractéristique d’un genre donné. Puis, la fabrication de cénogrammes de communautés de chiroptères fossiles et cénogrammes de communautés actuelles révèle que leur composition pondérale est liée au type d’environnement. Enfin, ces deux analyses permettent aussi d’approcher les modalités évolutives du groupe soit par les variations de la gamme de poids, soit par la proportion des différentes catégories de poids, et montre que les extinctions touchent préférentiellement les individus morphologiquement ou pondéralement extrêmes. Ces résultats permettent d’éclairer les effets et mécanismes de la Grande Coupure de Stehlin sur les faunes de chiroptères d’Europe occidentale à la limite Eocène-Oligocène