Thèse soutenue

Diderot : la philosophie sans fondement

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Auteur / Autrice : Olivier Tonneau
Direction : Sylvain Menant
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres modernes
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Diderot matérialiste ? Selon nous, il est d’abord un moraliste. Conscient que « l’athéisme est tout voisin d’une espèce de superstition presque aussi puérile que l’autre » (à Mme de Maux, Octobre 1769), il combat le fanatisme religieux mais aussi le scientisme émergeant, qui érige en dogme les nouvelles sciences, histoire, sociologie, biologie, économie. Livre premier : On fait du matérialisme de Diderot le fondement de sa pensée parce qu’on attend de lui qu’il légitime sa critique de l’ordre établi, et qu’il prévienne la menace de l’ immoralisme dans un monde sans Dieu. Mais de nombreux textes, et notamment les dialogues, montrent que la critique n’a nul besoin d’un fondement dans les faits et que la menace de l’immoralisme, largement illusoire, ne saurait être contrecarrée par une démonstration philosophique. Le fondement du débat moral est dans la pratique et la volonté, son moyen est une raison qui doit s’éduquer, sa finalité n’est pas donnée mais construite. Livre second : « Il n’y a qu’une sorte de cause à proprement parler : ce sont les causes physiques ». Il s’ensuit que « la liberté est un mot vide de sens » (à Landois, 29 Juin 1756). Ces axiomes semblent ruiner les notions de responsabilité et de valeurs communes : le discours moral ne renvoie à rien de réel. Mais ces conséquences reposent sur une conception appauvrie du langage, que Diderot a toujours combattue. Le matérialiste fondationaliste réfère le langage au physique, mais le langage ajoute au physique et constitue une forme de vie dans laquelle l’homme se considère comme libre et responsable, qui doit être protégée. Cela exige le renoncement au désir d’un fondement des valeurs dans les faits.