Thèse soutenue

Les romans personnels et libertins au XVIIe siècle
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Auteur / Autrice : Mylène Benard
Direction : Dominique Bertrand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2

Résumé

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Notre étude porte sur l'"Euphormion" de J. Barclay, la "Première Journée" de Théophile, "Le Page disgracié" de Tristan, "Les Aventures" de Dassoucy et "Les Confessions" de J. -J. Bouchard. Ces romans se caractérisent par un mode d'écriture et de lecture ambigu, entre autobiographie et fiction, mais ce sont également des oeuvres subversives qui entretiennent des liens avec le courant de pensée libertin. Notre question de départ a été la suivante : pourquoi ces auteurs libertins ont-ils choisi de se raconter sur un mode romanesque ? Nous avons fait l'hypothèse que la fiction avait d'abord une fonction légitimante dans la mesure où elle avait rendu possible ce qui était a priori interdit d'expression au XVIIe siècle, à savoir dire "je" pour un libertin dans le contexte répressif de la contre-réforme. La forme romanesque choisie par nos auteurs leur offrait ainsi un espace de liberté et leur permettait une certaine audace, impossible dans un récit plus clairement référentiel. La fiction est ainsi devenue le refuge d'une intimité libertine à une époque où le moi est haïssable et l'autobiographie un crime. Le roman personnel, qui joue sur une communication oblique, pouvait apparaître comme une forme-sens privilégiée pour les libertins partagés, en raison du contexte historique, entre ostentation et dissimulation, provocation et prudence. Cette hésitation se double d'une profonde équivocité dans la mise en scène de soi qui mêle plaidoyer pro domo et aveu oblique de culpabilité. L'écriture d'un roman personnel renverrait à un coup de force susceptible d'imposer, derrière une façade apologétique, un discours libertin et de légitimer une écriture personnelle sous le masque de la fiction