Thèse soutenue

Le Moi libertin : Modalités d'expression de la subjectivité à l'âge classique
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Auteur / Autrice : Laurence Tricoche-Rauline
Direction : Antony McKenna
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française. Age classique
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Saint-Etienne

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette étude met en évidence les enjeux de l’écriture libertine à la première personne, à partir des œuvres complètes de Théophile de Viau et de Tristan L’Hermite (à l’exception des pièces de théâtre), de la Prose chagrine de La Mothe Le Vayer, de la Relation d’un Voyage de Paris en Limousin de La Fontaine, des Aventures de Dassoucy, et des Lettres de Cyrano de Bergerac. Face à l’opposition des pouvoirs, les libertins construisent une image d’eux-mêmes complexe et clivée. Ils reprennent les modèles littéraires, moraux et religieux de l’orthodoxie, pour en suggérer la subversion, à destination de lecteurs choisis et éclairés. L’écriture personnelle libertine se définit par rapport au modèle de la confession : elle met en évidence la sincérité et l’humilité du moi, mais prive « entre les lignes » l’aveu et le motif de la conversion de tout sens religieux. Le choix récurrent de l’écriture personnelle correspond, pour les libertins, à une prise de position en faveur d’un certain individualisme. Les libertins prennent implicitement distance avec la vision cartésienne d’un sujet juge de la vérité et transparent à lui-même. Il ne peut y avoir de vérité que subjective et relative, pour des auteurs qui posent davantage de questions qu’ils n’avancent de réponses. Ils réhabilitent également les passions, y compris dans leurs traductions les plus « suspectes », tels que le rire, la mélancolie, la sexualité et le désir. L’écriture, qui conduit l’individu à faire l’expérience maîtrisée de la fécondité de son imagination et de la liberté des passions, semble être l’instrument essentiel de la quête libertine d’un bonheur terrestre.