Rémunérer le "mal d'être deux" : axiomatique de la métaphore chez Friedrich Nietzsche et Stéphane Mallarmé
Auteur / Autrice : | Laure Becdelièvre |
Direction : | Jean-Louis Backès |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littératures françaises et comparée |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Étranges contemporains d'un monde en crise, Nietzsche et Mallarmé ne se sont jamais rencontrés, pas même lus, alors qu'ils en auraient eu, semble-t-il, maintes fois l'occasion. Néanmoins, poète français et philosophe-poète allemand se rencontrent de façon inédite autour de la métaphore, pierre de touche d'une réflexion fondamentale sur le langage et levier d'une pensée axiomatique dont Nietzsche et Mallarmé sont peut-être les hérauts les plus emblématiques, chacun à leur façon. De fait, le phénomène métaphorique engage des aspects essentiels du rapport de l'homme au monde, qui est fondamentalement un rapport fictionnel, méta-phorique. Instrument d'une pensée du détour, l'écriture métaphorique s'inscrit au cœur d'une réflexion polémique sur la représentation et la construction d'idoles de toute sorte : Dieu, la vérité, l'âme, la volonté – mais aussi Hélène, Wagner, la gloire, l'or, la constellation, et même : la poésie. Autant d'idoles dont l'heure crépusculaire a sonné, autant de manifestations du " propre " dont est venu le temps pour la métaphore de se délester, pour voler enfin de ses propres ailes. Car la métaphore vole, pour Nietzsche et Mallarmé, elle danse, elle balbutie, frémit et s'évanouit. Son chant s'élève en même temps que la trace de son existence, qui déjà n'est plus là – à supposer qu'elle ait jamais eu lieu. Elle échappe, comme le réel, ce cruel, ce " dieu inconnu " qui est là, toujours latent, mais insaisissable par le langage. Elle cristallise tous les regrets liés à ce " mal d'être deux " (L'Après-midi d'un Faune), à cette division maudite inaugurée par la parole. Mais n'est-elle pas aussi à elle-même, cette métaphore, sa propre rémunération ?