Thèse soutenue

Candida albicans et maladie de Crohn

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Auteur / Autrice : Annie Standaert-Vitse
Direction : Daniel Poulain
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie. Santé
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Lille 2

Résumé

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La maladie de Crohn (MC) est avec la rectocolite hémorragique (RCH) une des formes de Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin (MICI). L'étiologie de la MC reste encore inconnue. Cependant, il est établi que les mécanismes physiopathologiques de la MC reposent sur des facteurs de susceptibilité génétique, des facteurs environnementaux, associés à une dérégulation de la réponse immunitaire intestinale, notamment vis-à-vis de la flore endogène. Parallèlement au processus inflammatoire responsable des lésions, les patients développent une réponse humorale dirigée contre différents antigènes microbiens. Parmi eux, des anti-levures sont fréquemment rapportés chez les patients atteints de MC. Il s'agit des anticorps anti-Saccharomyces cerevisiae. Le laboratoire est à l'origine du test immuno-enzymatique de détection de ces anticorps, qui utilise le mannane d'une souche de S. Cerevisiae (SU1) et qui ont été dénommés ASCA. Les premières études séro-épidemiologiques issues du laboratoire ont montré que les ASCA sont présents chez 60% des patients atteints de MC et 10% des patients atteints de RCH. Ils sont également présents chez 20 à 25% des parents sains du premier degré de patients atteints de MC, contre seulement 7% dans la population témoin. Les ASCA sont maintenant largement utilisés par les gastroentérologues pour le diagnostic et la stratification phénotypique des patients MC. Malgré de nombreuses publications sur les ASCA comme marqueur de la MC, l'immunogène et les mécanismes à l'origine de leur production sont toujours inconnus. La première étape a consisté à étudier l'influence de la génétique sur les ASCA, par l'étude de leur prévalence chez des jumeaux monozygotes et dizygotes atteints de MICI. Nos résultats suggèrent que les ASCA serait le marqueur d'une réponse à un antigène environnemental, dont le niveau de réponse serait génétiquement déterminé. L'étape suivante a concerné la recherche d'un immunogène pour les ASCA. Nous avons exploré si, contrairement à la levure exogène S. Cerevisiae, Candida albicans, une levure commensale du tube digestif humain, mais aussi un pathogène fongique opportuniste majeur, pouvaient exprimer les épitopes majeurs reconnus par les ASCA. Un programme en plusieurs étapes, basé sur des observations cliniques et des études expérimentales sur les relations structure/immunogénicité des oligomannosides de levures dans la MC et dans les candidoses nous a permis de démonter que C. Albicans peut être un immunogène à l'origine des ASCA. Ces conclusions nous ont conduits à étudier les relations entre la colonisation intestinale par C. Albicans, les réponses sérologiques anti-levures, et le génotype des patients dans des familles affectées par la MC. Nous avons confirmé que la colonisation par C. Albicans influence à la fois la production des anticorps anti-C. Albicans et des ASCA chez les parents sains des patients MC. Chez les patients atteints, les ASCA étaient indépendants de la colonisation par C. Albicans. Cependant nous avons pu observer une corrélation entre la colonisation par C. Albicans et la seropositivité ASCA chez les patients MC positifs en anticorps anti-C. Albicans. Ces résultats renforcent notre conclusion que C. Albicans est un immunogène pour les ASCA chez l'homme. L'ensemble de ces travaux, qui correspondent à une première étape dans la description des mécanismes à l'origine de la synthèse des ASCA, nous a permis de faire progresser nos connaissances dans le domaine de la physiopathologie de la MC.