Thèse de doctorat en Science politique
Sous la direction de Marc Sadoun.
Soutenue en 2006
La thèse montre comment la sociologie des relations interethniques, inaugurée en 1913 par R. E. Park et W. I. Thomas à l'université de Chicago, s'inscrit dans la continuité des efforts des représentants des sciences sociales américaines pour dé-biologiser la notion de "race" et y substituer la notion de "culture". Cette idée a-raciste de la culture procède d'une vision pragmatiste, psychosociologique et interactionniste des identités humaines et des faits sociaux. Or, la thèse montre que l'anthropologie culturelle (Boas), la psychosociologie pragmatiste (Dewey, Mead) et la sociologie interactionniste (Cooley, Simmel) forment les trois principales sources d'inspiration théorique de la tradition de recherche sociologique de Chicago. A travers la comparaison des stratégies de rupture épistémologique avec la pensée racialiste de l'école durkheimiennne et de l'école de Chicago, la thèse démontre que c'est bien l'absence d'un concept pluraliste et dynamique de la culture qui rend le mieux compte du silence des sciences sociales françaises sur les problèmes du racisme, de l'immigration et des relations interculturelles jusqu'aux années d'après seconde guerre mondiale. En soulignant combien au coeur de cette rupture épistémologique les enjeux éthiques et idéologiques (racisme versus libéralisme) importent autant que les choix théoriques et méthodologiques (individu/société, interactionnisme/holisme), ce travail propose, partant du défi capital qu'a constitué la pensée racialiste pour les sciences sociales au 19e siècle, une vision complexe des rapports entre science et politique.
Race and culture, social science against racism : comparative analysis of the genesis and the methods of the epistemological break of the Durkheimian School and the Chicago School with racial thinking (late 19th century-1945)
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