Le discours de vérité dans les Mémoires du duc de Saint-Simon

• Auteur / Autrice : Marc Hersant
• Direction : Pierre Chartier
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Lettres modernes
• Date : Soutenance en 2005
• Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

Mots clés contrôlés

Saint-Simon, Henri Jean Victor de Rouvroy (1782-1865) -- duc de

Autobiographie française

Résumé

L'indifférence affichée par de nombreux mémorialistes et historiens d'Ancien régime à l'égard de l'éléboration "artistique" de leurs oeuvres au nom de la vérité, qui ne peut être trop rapidement réduite à un topos, a ici été prise au sérieux dans le cas particulier des Mémoires du duc de Saint-Simon qui passent pourtant pour le somment de ce qu'on considère parfois à tort comme un "genre littéraire". La vérité affirmée dans l'oeuvre ne saurait en effet dans ce cas particulier être réduite à une rhétorique superficielle et conventionnelle que le commentaire pourrait reléguer au second plan de ses préocupations. Désignée banalement par l'auteur comme l'âme de ses mémoires, la vérité, au terme d'un examen attentif, apparaît de fait comme le principe et la clef d'une oeuvre immense qui ne se laisse plus absorber par la notion déplacée et anachronique de "littérature" mais exhibe fièrement son ambition d'écrirel'histoire. Obesession du fils légitime hantée par le spectre de l'illégitimité, valeur fondamentale de l'homme d'honneur, centre et principede la foi du croyant, la vérités'exprime avec une intensité, un excés qui amènent l'oeuvre aux confins de la folie et pourtant tout aussin bien avec une obstination qui explique ses régularités les plus apparemment méthodiques et rationnelles. C'est à travers son filtre que la diversité et la négligence formelle des Mémoires peuvent se comprendre et que le conflit amoureux qu'ils suscitent entre le langageet le monde prend tout son sens. L'écriture historique apparaît dès lors dans son irréductible spécificité d'acte humain total et original dont le texte conserve de nombreuses traces, et les confusions formelles entretenues par la théorie "post-moderne" entre le discours de l'histoire et celui de la fiction sont résolument écartées.

The asserted indifference of many memorialists and historians of Ancien Regime for the "artistic" development of their works in the name of truth, which can too quickly be reduced to a topos, was taken here with serious in the particular case of the magnificent Memoirs of the duke of Saint-Simon which however is considered as the masterpiece of what is sometimes regarded wrongly as a 'literay kind". The truth affirmed in the work could not be reduced indeed here to rhetoric surface and conventions that the comment could regulate to the second plan of its concerns. Designated in a banal maner by the author as the "soul" of his memoirs, the truth, at the end of an attentive examination, appears in fact as the principle and the key of an immense work which cannot anymore be absorbed by anachronistic concept of "literature" but exhibes proudly its ambition to write history. Obsession of the legitimate son haunted by the spectrum of illegitimacy, fundamental value of the man of honor, centre and principle of the faith of the believer, truth is expressed with an excess, an intensity which bring the Memoirs to the borders of madness and yet also with an obstinacy which explains its most apparently rational regularities. It's through its filter that the diversity and the formal negligence of the Memoirs can be understood and the conflict in love that they cause between language and the world assumes all its signification. The historical writing appears consequently in its irreductible specificity of a total and original human act whose text preserves many traces, and formal confusions between the discourse of history and the discourse of fiction are rejected.