Thèse soutenue

Stratégies de lutte contre l’islamophobie : de l’infrapolitique aux résistances publiques : une ethnographie du Collectif Contre l’Islamophobie en France

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Auteur / Autrice : Samia Saadani
Direction : Florence RodhainNicolas Balas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion et du management
Date : Soutenance le 15/09/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Montpellier Research in Management
Jury : Président / Présidente : Olivier Germain
Examinateurs / Examinatrices : Magalie Marais
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélà Yousfi, Mar Pérezts

Mots clés

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Résumé

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Ce travail de recherche se concentre sur les mouvements de lutte contre l'islamophobie en France qui se mobilisent dans un contexte où ce phénomène de discrimination est à la fois nié et institutionnalisé, combinant la racialisation, l'altération et la marginalisation des personnes de confession musulmane. L'islamophobie est le résultat de la construction du ''problème musulman'' par les élites politiques (Hajjat et Mohamed, 2013). Pour comprendre les mécanismes de l'islamophobie, il est nécessaire de s'intéresser à l'historicité du phénomène, depuis les premiers récits orientalistes (Said, 1978) jusqu'aux politiques d'exception réservées aux indigènes musulmans dans les colonies. À l'ère contemporaine, le Code de l'indigénat a cédé la place à une ''politique musulmanes républicaine'' qui engendre des mesures d'exception marginalisant les musulmans issus de l'immigration post-coloniale. Cette recherche analyse les pratiques de lutte contre l’islamophobie en se basant sur les théories critiques de la résistance développées par James C. Scott (2019). Scott met en évidence l'existence d'un ''texte public'' comme espace de performance du pouvoir, ainsi qu'un ''texte caché'' où se joue la résistance qui ne peut être exprimée publiquement. Il met en avant l'infra-politique, qui consiste à s'organiser dans le ''texte caché'' lorsque la scène publique est trop hostile. Dans cette perspective, cette étude explore l'existence de pratiques de résistance hybrides qui émergent d'abord dans le ''texte caché'', mais qui cherchent également à se glisser dans le ''texte public''. Les études organisationnelles et managériales jouent un rôle central en examinant l'élaboration de normes de performance, d'outils de pilotage et de méthodes de coordination du travail militant, et leur influence sur l'émergence de stratégies militantes hybrides qui combinent, de manière séquentielle ou simultanée, des résistances infra-politiques et publiques. L'exploration empirique de cette recherche se concentre sur le Collectif Contre l'Islamophobie en France (CCIF) afin de mettre en lumière une telle séquence. L'étude a été menée à travers une auto-ethnographie, une ethnographie, sur la base d’un engagement militant dans les luttes antiracistes et au sein du CCIF pendant 4 ans. Ensuite, les données de terrains ont été complétées par des données collectés lors des entretiens et des récits de vie auprès des militants du CCIF. Les résultats de la thèse montrent comment, malgré la répression violente, le Ccollectif Ccontre l'Iislamophobie en France refuse de se limiter aux formes de lutte infra-politique. Au contraire, il utilise ces formes de lutte infra-politique en mettant en place des modes d'organisation spécifiques qui favorisent l'émergence de possibilités d'incursion de la lutte contre l'islamophobie dans le texte public. Cette thèse entend contribuer à l’analyse de nouvelles formes d’organisations militantes qui émergent au regard d’un climat de répression de plus en plus intense à l’encontre des mouvements en quête de justice sociale.