L'illustration des œuvres littéraires par la "photographie d'après nature" en France : une expérience fondatrice d'édition photographique (1892-1912)

Illustration of literary works by "photography after nature" : a founder experiment of photographic publishing (1890-1912)

• Auteur / Autrice : Lucie Goujard
• Direction : François Robichon
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire de l'art
• Date : Soutenance en 2005
• Etablissement(s) : Lille 3

Résumé

L'illustration d'une œuvre littéraire par la photographie, idée prisée des photographes anglo-saxons, est entièrement nouvelle en France lorsque paraît, en 1890, l'Elixir du révérend père Gaucher d'Alphonse Daudet, réalisé par l'amateur photographe caennais Henri Magron (1890). Le charme repose sur la relation poétique créée par l'association de l'image à la littérature au sein d'un même espace, la page imprimée. Objets complexes, originaux et inattendus, ces œuvres littéraires ont essentiellement paru en France entre 1890 et 1907 et sont considérées comme un avant-poste de la forme plus triviale du roman-photo. Au-delà de cette filiation justement établie, le concept conserve quelque chose de déconcertant. Sa résurgence dans les années 1920, la lecture des ouvrages laissent le sentiment d'une faillite esthétique inconcevable. Cette ambiguité trouve son explication dans la description des enjeux esthétiques, historiques et techniques de ces singuliers objets. Se multipliant entre 1890 et 1894, ils représentent en fait un moment clé de l'aventure éditoriale de la photographie. L'étude de leur contexte de production démontre que ces expériences artistiques de "photographie d'après nature" constituent une phase éditoriale expérimentale. Le soin apporté à la confection des ouvrages, la place accordée à l'image les inscrivent dans les perspectives plus larges d'une structuration progressive de l'édition photographique. Point de départ d'une réflexion sur les relations entre libraire et photographe, la photographie d'après nature, entendue comme innovation éditoriale, investit ensuite des ouvrages dont le thème n'est plus seulement la littérature qui lui servait d'alibi