Le regard des nations : la critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325)
Auteur / Autrice : | Xavier Levieils |
Direction : | Pierre Maraval |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences des religions |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Les persécutions ordonnées par l'état romain contre l'Eglise, que ce soit par l'intermédiaire des magistrats locaux ou sur décision impériale, constituent l'action la plus visible de l'hostilité nourrie à l'égard des chrétiens durant les trois premiers siècles de notre ère. Mais ces persécutions, qui n'ont pas toutes revêtues le même caractère de gravité, ne furent en réalité que la concrétisation d'un rejet déjà exprimé par la population. Le christianisme, rapidement appelé à évoluer hors de son contexte originel juif, a été perçu par la société gréco-romaine au travers de concepts et de valeurs qui lui étaient totalement étrangers. C'est la raison pour laquelle les chrétiens ont été les victimes de catégorisations religieuses et sociales qui les ont marginalisés. L'assimilation du christianisme à une superstition (origines juives, doctrine irrationnelle, recrutement populaire, pratiques douteuses [magie, anthropophagie, meurtre rituel, débauches sexuelles, christolâtrie, staurolâtrie, héliolâtrie, onolâtrie]), les accusations d'athéisme (réaction face au monothéisme exclusif) et de '' haine contre le genre humain '' (remise en cause des valeurs communes [civiques, familiales et politiques]) révèlent que l'opinion publique a joué un rôle déterminant en amont des mesures prises contre les chrétiens et que l'hostilité antichrétienne était un mouvement de réaction contre un groupe représentant une menace pour les structures identitaires de la Cité.