Thèse de doctorat en Histoire de l'art et archéologie
Sous la direction de François Baratte.
Soutenue en 2003
à Paris 4 .
Afin de mieux connaître la topographie des édifices chrétiens au sein des villes de l'Afrique du Nord à l'époque de l'antiquité tardive et d'en comprendre la raison d'être, nous avons choisi de nous intéresser, en prenant la documentation archéologique comme base de travail, à la vie pratique et quotidienne du chrétien ou des communautés chrétiennes. De nombreuses questions se sont alors posées : comment se décide la construction d'une église et comment l'emplacement dans la trame urbaine est-il choisi ? Quelles sont les implications pratiques de la vie de piété de ces communautés ? Les églises sont-elles installées dans des lieux qui sont favorables à l'épanouissement de leur culte ? Nous avons constaté que les églises ne venaient pas bouleverser l'environnement urbain si ce n'est à des endroits très localisés et d'une manière relativement discrète. Ainsi, par exemple, lorsqu'une église est construite sur une rue on peut effectivement considérer qu'il y a altération de l'organisation urbaine. En revanche, lorsqu'elle réutilise un bâtiment préexistant laissé à l'abandon ou qui n'est plus en fonctionnement, comme par exemple un temple, un édifice balnéaire etc. La plupart du temps son implantation se traduira par un agencement intérieur alors que l'aspect extérieur de l'édifice plus ancien est laissé le plus souvent intact : la parure monumentale de la ville est en cela respectée. Toute une série d'observations formulées grâce à l'étude de la topographie des édifices chrétiens offre en définitive la vision d'un christianisme qui s'installe au cœur même du quotidien urbain sans qu'on puisse en conclure, d'une manière systématique, à un souci de visibilité ostentatoire ou à une architecture de puissance, mais au contraire, à une installation qui témoigne surtout de la présence de communautés plutôt ancrées dans le rythme quotidien de l'ensemble de la population des cités dont elles font pleinement partie.
Research on christian topography within towns of North Africa in Late Antiquity (Carthage excepted)
In order to understand the topography of Christian buildings within Towns of North Africa in Late Antiquity, we chose, on the basis of archeological informations, to point to practical and daily life of the Christian or Christian community. Since then, many questions came up : what process leads to the decision and how is the location chosen within the urban network ? Did the Christian community have the opportunity of such a choice ? What could be the practical implications of its devotional life ? Could the churches built in such locations be in harmony with Christian worship so as to contribute to its blooming ? and so on and so forth. Apparently churches did not change drastically the urban environment except in their very premices and even so in a quite neutral way. Thus, for example, if a church is built on a street, we can consider that it comes to alters the urban organisation. On the other hand, when it re-uses an old building such as a temple or thermae, neglected or inactive, we noticed that the implantation was taking place inside the building whereas most of the time the ouside appearance was left untouched : then the city's image was respected in its monumental components. According to a certain number of observations set out from this research, it finaly occurs to us that though christianism settled in the heart of urban daily life, for it does not mean necessarily a concern for ostentatious visibility or systematic search for an " architecture of power ". On the opposite it gives us the impression that Christian's presence is deeply rooted in daily life just as the other inhabitants of the city they fully belonged to.