Roman et confluence des genres (1827-1840)
Auteur / Autrice : | Stéphanie Dast |
Direction : | Michel Crouzet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française et comparée |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'étude de la production romanesque en France entre 1827 et 1840 met en lumière la place prépondérante acquise durant ces années par un genre que la critique contemporaine et les auteurs eux-mêmes ont qualifié d'universel. La période est remarquable en ce que les romans (œuvres secondaires ou chefs-d'œuvre reconnus) semblent alors capables de surpasser et d'absorber tous les autres genres. C'est la Préface de Cromwell qui affirme en 1827 la volonté romantique d'échapper aux limites génériques. Mais, de fait, le programme hugolien se réalisera moins librement dans le drame que dans le genre romanesque, seul capable de rassembler les genres, canoniques ou non. Avec 1840, en revanche, le roman cesse d'être ce laboratoire des genres où toutes les audaces sont permises : d'une part, il retombe dans le cliché avec l'émergence du roman-feuilleton et de la littérature industrielle, d'autre part, il laisse de côté les excentricités génériques, pour s'orienter vers le roman réaliste. Mais le roman hybride de 1830, lui, est multiple, jusque dans sa manière de fondre les genres, qui oscille entre anarchie et discipline. Ainsi, en intégrant l'Histoire et le drame, il gagne en crédibilité et en unité. Mais simultanément, une multiplicité de créations goguenardes parodie les aspirations de cette génération au roman '' total '' : absorbant, déformant tout ce qu'elles rencontrent, ces œuvres fragmentées renversent et renouvèlent les genres obsolètes, et cherchent même à dépasser leurs propres limites. À force de contester tous les genres, c'est la Littérature qu'elles semblent mettre en question, mais dans un mouvement d'où le romanesque, apparemment mis à mal, sort toujours renforcé. Ces capacités de régénération se retrouvent dans des romans d'apparence inclassables qui, s'aventurant ici du côté des genres dialogués, là vers le poème, cherchent un autre mode d'harmonie entre les genres à l'intérieur du roman, à l'évolution duquel ils contribuent autant que les œuvres ironiques.