Thèse soutenue

L'évolution de l'indice de la procédure criminelle en France, en Angleterre et en Allemagne, du monde romain à la fin du XVIIIe siècle

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Auteur / Autrice : Jean-Philippe Dolt
Direction : Yves Jeanclos
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire du droit et des institutions
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Université Robert Schuman (Strasbourg) (1971-2008)

Résumé

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La preuve par indices trouve son origine dans les ouvrages de rhétorique de l'époque classique et en droit romain. Les rhéteurs considèrent que les indicia forment une catégorie d'argumenta employés pour convaincre le magistrat. Les juristes romains conservent au terme indicium le sens de signe qui indique, mais peu à peu les termes d'indice et d'argument sont confondus. Apres la disparition de l'empire romain d'occident, l'indice s'adapte à la procédure d'origine germanique, dans laquelle l'objet de la preuve est la vérité de l'affirmation émanant de chaque partie. Les signes de crédibilité utilisés dans ce système de preuves sont : l'absence de réaction de la divinité prise à témoin de la vérité de l'affirmation lors de la prestation de serment, l'assistance des cojureurs, la condition sociale et les antécédents de chaque partie, et l'indice ordalique révélant l'innocence ou la culpabilité du patient. Dans le système des preuves élaboré par les juristes du droit savant à partir du XIIe siècle, les indices sont exclus des preuves parfaites pouvant servir à démontrer l'existence du crime et la culpabilité de l'accusé. Leur rôle est confiné à l'utilisation de la torture. Le pouvoir judiciaire d'appréciation de la force probante des indices ad torturam est encadre par les docteurs médiévaux. A partir du XVIe siècle, les criminalistes continentaux et anglais attribuent peu à peu un rôle supplétif aux indices admis, à défaut de preuves pleines, pour prouver le crime et la culpabilité. Ces changements sont lies à la redécouverte des ouvrages des rheteurs classiques et à l'influence exercée par la théorie du probabilisme à partir de la fin du XVIIe siècle. Au XIXe siècle, le principe de l'intime conviction est consacré par la plupart des codes de procédure pénale continentaux. Pourtant, dès la fin du XIXe siècle, le développement des procédés de criminalistique conduit à l'affirmation de la suprématie de la preuve indiciale, considérée par certains, comme la nouvelle probatio probatissima.