Thèse soutenue

Paradoxes et cohérence dans la pensée de John Ruskin : éléments pour une philosophie de l'hérésie

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Auteur / Autrice : Sylvie Birnbaum-Truffet
Direction : Didier Deleule
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Il est courant d'insister sur les paradoxes et les nombreux changements dans la critique d'art et de l'économie politique comme autant de défauts qui affectent la pensée de Ruskin jusqu'à la rendre incohérente. En réalité, il ne s'agit pas tant de points faibles que de lignes de force stratégiques d'un raisonnement qui suit une méthode philosophique pour déraciner les préjugés et les idées préconçues sur lesquels sont fondées les doctrines officielles de l'art académique et de l'économie politique libérale du 19ème siècle. En effet, pour Ruskin, le fléau de la philosophie moderne est son orgueil de la science, soit, son idolâtrie des systèmes au mépris de l'unité et de la beauté du monde créé par Dieu. Or, ce monde est riche et abondant en étant gouverné par des lois providentielles en fonction desquelles tous les êtres les plus différents parviennent à créer une unité organique par leur commune obéissance à la « Loi de l'Entraide ». C'est en s'inspirant de ce modèle que l'imagination peut concevoir en toute sûreté un ordre social juste garantissant le bonheur de tous. Tel est le statut de la cohérence dans la pensée de Ruskin :non pas d'ordre logique, mais une cohérence ontologique du monde comme modèle socio-économique. L'objet de cette étude est d'offrir une autre interprétation du lien art et politique en analysant l'intérêt philosophique du Bien-être social, distinct du Bien-être utilitariste et individualiste, que Ruskin érige comme norme de tout jugement critique en matière d'art. Parce que le Bien-être social dépend des conditions économiques, Ruskin dénonce le libéralisme de son temps, suivant une idéologie non réactionnaire et nostalgique pour le moyen âge, mais dans une perspective progressiste de l'intervention d'un Etat-Providence dans l'économie nationale en vue d'assurer « le plus grand bonheur pour le plus grand nombre ». En tant que réformateur social, Ruskin exerce une influence indéniable sur la formation du Parti Travailliste. En tant que philosophe hérétique, il élabore une théorie de la responsabilité des hommes et de l'Etat pour la réalisation du bonheur de l'humanité hic et nunc.