Thèse soutenue

Induction d'apoptose des lymphocytes T par des molécules utilisées en chimiothérapie anticancéreuse : mécanismes, conséquences

FR
Auteur / Autrice : Carole Ferraro-Peyret
Direction : Jean-Pierre Revillard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Lyon 1
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Revillard

Mots clés

FR

Résumé

FR

La 4e de couverture indique : "Certains médicaments utilisés en chimiothérapie anticancéreuse (MCA) sont aussi appliqués à des pathologies auto-immunes ou à des greffes de cellules souches hématopoi͏̈étiques. La destruction du tissu lymphoi͏̈de, ou lymphoablation, est réalisée par l'association de plusieurs médicaments (globulines anti-lymphocytaires, cyclophosphamide, fludarabine) dans les greffes de cellules souches. Le choix de ces associations par rapport à l'objectif immunologique visé demeure en partie empirique. Nous avons dans un premier temps cherché à établir une classification fonctionnelle des différentes MCA, basée sur leur toxicité vis à vis de lymphocytes humains du sang périphérique (PBL), essentiellement des lymphocytes T, activés ou non in vitro. Trois catégories ont été définies: A/ les molécules cytotoxiques actives sur des cellules T en G0/G1 (daunorubicine, doxorubicine, mitoxantrone, cytarabine, fludarabine , cladribine), B/ les molécules cytotoxiques vis à vis des seules cellules en cycle (en phase S/G2) (5-fluorouracile, raltitrexed, méthotrexate, étoposide, camptothécine, paclitaxel, plicamycine, vinblastine), C/ des molécules non plus cytotoxiques mais cytostatiques (mycophénolate mofétil, mizoribine), comme les molécules utilisées dans des traitements immunosuppresseurs à long terme (ciclosporine A, FK506, rapamycine). Nous avons alors défini par quel mécanisme les MCA étaient cytotoxiques pour les PBL. L'activité des molécules de la catégorie A a également été étudiée dans les lymphocytes B. Nous avons démontré que les lymphocytes B nai͏̈fs (IgD+CD38-) et mémoires (IgD-CD38-) sont sensibles à l'apoptose induite par ces molécules. L'apoptose est indépendante de la production de dérivés oxygénés, de l'interaction CD95L/CD95 ou TNF/TNF-R. Elle implique l'activation de la caspase 3 et la caspase 7, et se caractérise par une production précoce de céramides. Cette étude nous a aussi permis de démontrer que dans les PBL, contrairement aux lignées leucémiques T Jurkat ou H9, la signalisation apoptotique permettant l'inversion des phosphatidylserines, un signe précoce de l'apoptose, est différente selon que la mort est induite par un anticorps agoniste CD95 ou des MCA. Avec les MCA, l'inversion des phosphatidylserines est associée à une altération mitochondriale mais indépendante des caspases. Nous avons ensuite émis l'hypothèse que les molécules capables de tuer les PBL non activés pourraient induire in vivo une déplétion des lymphocytes matures (lymphoablation), à l'opposé des molécules dont la cytotoxicité dépend d'une entrée dans le cycle cellulaire. Afin d'évaluer le potentiel lymphoablatif des MCA, nous avons mesuré in vivo l'effet d'une seule injection de ces molécules sur le tissu lymphoi͏̈de de souris Balb/c. Nous avons ainsi mis en évidence que la daunorubicine, la doxorubicine et la mitoxantrone induisaient une déplétion des cellules T, B et NK dans la rate et les ganglions, alors que le mycophénolate mofétil et le 5-fluorouracile n'ont aucun effet. Les conséquences de cette lymphoablation, ont été étudiées dans un modèle d'hypersensibilité de contact à un haptène, le dinitrofluorobenzène, qui implique des T CD8+ cytotoxiques effecteurs et des T CD4+ régulateurs. Nous avons montré que les molécules du groupe A pouvaient diminuer cette réaction lorsqu'elles sont injectées au moment de la sensibilisation ou du challenge, tandis que des substances du groupe B inhibent l'induction mais pas l'expression de cette réaction. "