Thèse soutenue

Un monde parfait : "cosmologie " et "théologie" dans l'Harmonice Mundi de Kepler

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Auteur / Autrice : Nicolas Roudet
Direction : François de Gandt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Lille 3
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Gérard Simon
Examinateurs / Examinatrices : Alain Philippe Segonds, Claude J. Zeippen

Résumé

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Étudiant en théologie au Stift évangélique de Tübingen, Kepler suit les cours de Michael Maestlin et découvre l'héliocentrisme de Copernic. Il renonce rapidement au pastorat en confiant son désir de célébrer Dieu par son astronomie. Ce détail biographique légitime une recherche portant sur l’intrication des problématiques cosmologique et théologique dans l’Harmonice Mundi (Linz 1619), dont les cinq livres traitent respectivement de géométrie (livres 1-2); de musique (livre 3); d’astrologie et de psychologie (livre 4); d’astronomie enfin (livre 5). « Concréation » (Augustin) ; « explication », « complication », « expression » (Nicolas de Cues) ; «théophanie» (Pseudo-Denys l’Aréopagite, Jean Scot Erigène) ; « innéisme mathématique » (Proclus, Platon) : autant de concepts platoniciens et néoplatoniciens permettant l’élaboration d’une théorie dans laquelle le monde, Création de Dieu, se voit doté d’attributs manifestant sa divine provenance. Kepler retrouve la musique céleste célébrée par Pythagore, dont la beauté, accessible à l’entendement humain, exprime la bonté et la philanthropie du Créateur. Prêtre du Dieu-Très-Haut, Kepler dévoile aux hommes le secret du monde : l’univers sphérique, tripartite et hiérarchiquement structuré autour du Soleil est l’œuvre de la Trinité qui s’y exprime en un vaste symbole et recèle simultanément les convictions christologiques et eucharistiques calvinistes d’un esprit foncièrement libre excommunié par les tenants de l’orthodoxie luthérienne. L’essence géométrique du réel atteste d’une communauté ontologique avec les vérités éternelles présentes dans la mens divina (esprit divin) ainsi que dans la mens humana créée à l’image de Dieu. L’univocité du langage mathématique permet à Kepler de déchiffrer le livre de la nature et d’en formuler les lois en se plaçant au-dessus des controverses qui ravageaient les épigones de Luther, Calvin et Melanchthon. L’amour du Père des lumières est, fut et sera toujours présent là où la musique retentit.