Thèse de doctorat en Arts et lettres
Sous la direction de Jean Arrouye.
Soutenue en 2001
à Aix-Marseille 1 .
Plus que toute autre période de la seconde moitié du vingtième siècle, les années soixante et soixante dix sont caractérisées, en Europe et aux Etats-Unis par la profusion des tendances, des mouvements et des groupes qui se succèdent rapidement. Malgré la diversité des pratiques, on observe chez nombre de créateurs une conduite qui, de manière inattendue, consiste en un effacement délibéré devant l'oeuvre. Cette attitude vise à objectiver, autant que faire se peut, les mécanismes de la création. Refusant de concevoir l'oeuvre comme l'expression de la personnalité de son auteur, les artistes ont pour ambition d'éliminer du travail producteur ce qui relèverait de leur seule objectivité ou du moins, qui pourrait être interprété comme la manifestation de celle-ci. Leur intention, ouvertement critique, vise à remettre en question les conceptions traditionnelles de l'artiste et de la création, centrées sur la figure de l'auteur. C'est pourquoi leur démarche est à rapprocher de celle d'un certain nombre d'écrivains et d'intellectuels qui, tels les structuralistes, relativisent eux-mêmes l'importance du sujet. Le propos de cette recherche est d'examiner les différentes modalités de l'effacement. La limitation intentionnelle des choix plastiques, la répétition, l'objectivation et la banalisation des procès concourent à produire des oeuvres d'un type particulier : caractérisées par leur économie formelle et matérielle et, le plus souvent, par leur neutralité et leur inexpressivité, ces réalisations relèvent d'un style impersonnel. Par-delà le paradoxe - qui n'est que d'apparence - l'effacement de l'auteur constitue une attitude productive d'art des plus singulières. L'enjeu de ce travail est d'en faire la démonstration en articulant l'analyse des oeuvres aux déclarations des créateurs. Car la notion d'effacement a la valeur d'un outil d'analyse capable de révéler certains des aspects les plus déterminants de cette période.
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