Thèse soutenue

Copia et cornucopia : la poétique shakespearienne de l'abondance

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Auteur / Autrice : Laetitia Coussement-Boillot
Direction : Gisèle Venet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature anglaise
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 3

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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Dans le contexte litteraire elisabethain et jacobeen fortement impregne de l'art rhetorique de l'antiquite, l'oeuvre de shakespeare est marquee par l'ideal d'abondance oratoire ou copia rendue celebre par erasme a la renaissance. Si le dramaturge celebre la copia qui envahit tous les genres oratoires (epidictique, deliberatif, judiciaire), l'espace public ou forum comme l'espace prive de l'alcove, et jusqu'aux minutieuses descriptions incrustees dans la trame de l'oeuvre dramatique, il en denonce egalement les limites et les exces. La copia peut s'inverser en loquacitas ou prolixite vide, sur le mode leger du << wit >> dans les comedies ou bien sur le mode tragique. En outre, la copia, terme a l'origine applique exclusivement au domaine de la rhetorique, deborde ce cadre restreint et acquiert a partir du 16e siecle le sens supplementaire de copie, de reproduction d'un modele. Elle devient un principe structurel de composition des ornements grotesques en vogue dans les arts decoratifs de l'epoque. Dans l'ecriture dramatique shakespearienne, elle se manifeste par des strategies de decentrement, de proliferation, d'enchevetrement et d'evitement. Dans l'oeuvre du dramaturge, l'instabilite de la thematique plenitude / vacuite, reperable dans la subversion du mythe de l'age d'or, le renversement de la cornucopia en tonneau des danaides, le jeu sur la figure du silene platonicien et la recurrence des << vanites >>, temoigne de la crise ontologique qui marque l'europe baroque a la fin du 16e et au debut du 17e siecle.