Thèse soutenue

Islam et politique en Bosnie-Herzégovine : le Parti de l'action démocratique

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Auteur / Autrice : Xavier Bougarel
Direction : Gilles Kepel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Résumé

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A partir de 1878, la communauté musulmane bosniaque se replie sur son identité religieuse et se constitue en "millet inversé". Mais cette construction identitaire rentre en crise dans les années 1930, comme l'illustre l'apparition d'un courant panislamiste au sein de la jeunesse scolarisée. Après la reconnaissance de la nation musulmane en 1968, ce courant s'appuie sur les paradoxes persistants de la "question musulmane" pour capter à son profit un nationalisme musulman en gestation; Et en 1990, après l'effondrement du système communiste, il crée le parti de l'action démocratique (SDA), qui devient bientôt le principal parti de la communauté musulmane. Le SDA est un parti nationaliste, dont le projet s'articule autour d'une double ambition : la souveraineté politique de la nation musulmane et l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. Au cours du conflit bosniaque, l'influence du courant panislamiste se reflète dans le primat que le SDA accorde à la souveraineté de la nation musulmane au détriment de l'intégrité territoriale bosniaque, et dans son refus du nettoyage ethnique au nom de l'islam. Elle se retrouve aussi dans sa politique étrangère : le SDA utilise en effet le soutien du monde musulman pour favoriser certaines recompositions politiques propres à la communauté musulmane. Le courant panislamiste cherche en effet à replacer l'islam au centre de l'identité nationale musulmane. Mais il doit accepter l'adoption du nom "Bochniaque" en 1993, et ses tentatives de réislamiser l'identité nationale musulmane conduisent en fait à une "nationalisation" de l'islam. Parallèlement le SDA crée un nouvel Etat-parti, au sein duquel le panislamisme remplace le marxisme comme critère de sélection des élites. Or, cette recomposition du système politique ne se solde pas par une réislamisation de la société, mais par un renversement du rôle de l'islam dans la définition des rapports entre Etat et société, sphère publique et sphère privée.