2001-12-12T23:59:59Z
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Gens de Djenné en pays Dogon : les Janage des vallées du Jew
1998
1998-01-01
Cette these analyse l'identite d'une population meconnue du plateau de bandiagara (mali) ou pays dogon : les djenninkes (ou dyanangue dans leur dialecte bozo). Les administrateurs coloniaux du debut du siecle, charles monteil et louis desplagnes notamment, ont tres tot note la participation lointaine des djenninkes a l'histoire du delta du niger et du pays dogon. Je montre dans la premiere partiecombien leur identite et celle de leurs voisins dogons furent construites et affirmees dans une dynamique interactive et contrastive conferant aux djenninkes un role essentiel dans l'elaboration meme de l'identite dogon, qui ne s'est pas forgee independamment des contextes socio-historique et religieux de la region. Ensuite j'interprete longuement deux mythes historiques de l'origine des djenninkes. Ces mythes definissent une identite archetypale fort singuliere car essentiellement fondee sur l'idee d'une dualite inscrite dans l'etre djenninke. Ainsi l'identite djenninke, principalement autodefinie comme musulmane et pure, oscille-t-elle entre le rejet de l'autre, considere comme paien et impur, et son integration, ou meme son incorporation, comme le suggerent les rites de circoncision des djenninkes. Les deux parties suivantes analysent les representations de la personne et les rites de circoncision. Ici, les genies de la brousse occupent la place symbolique d'une alterite imaginaire et fantasmatique a laquelle les humains se referent pour s'identifier. Il est frappant de retrouver dans ce contexte symbolique et rituel la meme oscillation identitaire reperee a propos de l'identite ethnique des djenninkes. En effet, si l'enfantement est une periode durant laquelle le corps des femmes est protege de l'intrusion toujours redoutee des genies de brousse, le temps de la circoncision des jeunes garcons construit au contraire une alliance avec ces memes genies. Ouverts a la brousse, les hommes djenninkes vivent ainsi leur dualite archetypale dans leur chair. Musulmans, ils ne sont pas moins detenteurs d'une maitrises de la brousse appartenant normalement aux dogons. Fideles a leur image mythique, les djenninkes, malgre l'evolution moderne des rites de circoncision (frequemment pratiques au dispensaire), perpetuent leur identite duelle en incorporant les valeurs antinomiques de l'islam et de la brousse.
Moine, Jean-Christophe
Zempleni, András
Paris 10