Thèse soutenue

Bouvard et Pécuchet et la littérature : étude génétique et critique du chapitre V de Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert

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Auteur / Autrice : Stéphanie Dord-Crouslé
Direction : Jacques Neefs
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 8

Résumé

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Envisageant d'abord la littérature comme un processus, l'étude génétique du chapitre V de Bouvard et Pecuchet de Flaubert repose sur la transcription intégrale et l'annotation de ses manuscrits préparatoires. Une fois classés, ceux-ci permettent de retracer la genèse rédactionnelle du chapitre et de caractériser son écriture comme une écriture à programme dynamique. Ensuite, la littérature est envisagée comme un produit. Objet épistemique, elle ne bénéficie d'aucun privilège dans le premier volume du roman et sert à illustrer, au même titre que les autres domaines de l'encyclopédie, le conflit que les savoirs entretiennent avec le réel dans l'épistémologie critique construite par Flaubert. En revanche, la littérature acquiert une position hégémonique dans le second volume inachevé. Cette tension est sensible jusque dans la gestion du savoir littéraire. En effet, comme pour les autres disciplines présentes dans le roman, l'écrivain s'est amplement documenté. Aussi peut-on étudier les manifestations intertextuelles décelables dans la genèse du chapitre, des scénarios au texte dit définitif. La distinction de trois types d'intertextualité vient redéfinir en extension cette notion et renouvelle la vision classique du réalisme flaubertien. Enfin, le savoir littéraire ne prend son sens qu'une fois projeté dans une fiction ou la littérature, selon le voeu de Flaubert, devient <<exposante>>. Car la fiction remet en mouvement le processus de cognition en représentant des sujets connaissants aux prises avec le savoir. Elle permet de souligner que la logique des personnages est moins celle du savoir que celle du croire et interroge de manière privilégiée leurs rapports complexes à l'illusion. Enfin, elle est investie de pouvoirs cognitifs particuliers qui, entre autres, reévaluent la portée critique de l'ironie flaubertienne en mettant en valeur une ironie de participation. On termine par l'édition génétique et critique du chapitre.