Thèse soutenue

Le ''forestiero'' dans le théâtre comique de Carlo Goldoni : l'oeil persan, la lunette d'astronome et le miroir

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Auteur / Autrice : Cécile Berger
Direction : Françoise Decroisette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études italiennes
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 8

Résumé

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Apres les recentes manifestations du bicentenaire de la mort de carlo goldoni (1707-1793), aborder son theatre sous un jour nouveau etait rendu difficile par la richesse des derniers travaux. Ils avaient neanmoins permis de montrer la dimension europeenne de goldoni en son temps. Ainsi, l'etude du forestiero pouvait souligner un aspect interessant du theatre goldonien: ce personnage marque en filigrane le lien etroit entre ''nous'' et les ''autres'', le ''meme'' et le ''different'', entre le ''proche'' et le ''lointain''. . . Tout d'abord, le forestiero montre la realite venitienne grace a son oeil persan. Ensuite, il permet de souligner la dialectique dramaturgique goldonienne par sa presence-absence sur la scene et son regard detache sur les autres personnages. Enfin, il est l'autre qui est aussi le meme: il est le masque de goldoni lui-meme, le miroir d'une subtile autobiographie scenique parallele aux memoires ecrits a paris apres 1784. De nombreuses facettes du forestiero proviennent de la culture litteraire personnelle de l'auteur. La figure de l'acteur errant rappelle le roman comique de scarron. L'oeil persan, par son regard exterieur sur venise, est comme un echo des lettres persanes de montesquieu. Goldoni lui-meme, eternel forestiero, a venise egalement, parait ecrire sa propre autobiographie a la maniere des romans de voyage de son siecle. La vision analytique du pelerin errant pourrait bien provenir de l'interet de goldoni pour l'alchimie (son pere etait docteur): le forestiero est comme le medecin de la scene venitienne malade des obscenites de la commedia dell'arte et dont le dramaturge supervise la reforme progressive a travers une serie d'experimentations sceniques entre 1750 et 1753. Enfin, le forestiero est un avatar des nouveaux journalistes du xviiie siecle: il est un precurseur du caffe de l'illuminisme milanais (1764-66) caracterise par sa vision detachee et ironique sur la realite italienne.