Thèse soutenue

L'usage de la force par la police : sur quelques aspects de la mise en oeuvre du monopole de la violence physique légitime par la Police nationale dans la France contemporaine

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Auteur / Autrice : Fabien Jobard
Direction : Pierre Favre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La police est une des institutions en charge du "monopole de la violence physique légitime". Et les études, en France et à l'étranger, sont nombreuses qui prennent cette proposition pour point d'appui de leurs réflexions. Pourtant, notre première partie montre que cette proposition relève aujourd'hui plus d'un axiome que d'une hypothèse que des études empiriques viendraient examiner. La deuxième partie tente un constat empirique de l'usage de la force par la police, qui passe d'abord par un état des lieux, que permettent en partie, mais imparfaitement, les sources de presse et les sources policières. La connaissance est alors imparfaite, au-delà des biais quantitatifs classiques : manque à ces données leur signification sociale. Notre troisième partie renverse la perspective, et s'attache à connaître les violences policières par le biais de ceux qui en ont été victimes, ou disent l'avoir été. Leurs récits, sous forme d'entretiens semi-directifs, font l'objet d'une réflexion méthodologique sur cette figure marginale dans le champ de l'entretien de science sociale que constituent celui mène avec des personnes en rupture sociale profondes, souvent toxicomane, et dont la familiarité avec les institutions judiciaire et policière ne garantit pas un rapport exact aux faits. Mais ces témoignages fixent toutefois un espace de contingences, dans lequel les violences policières se produisent, sous des formes qui engendrent des représentations sociales fortes chez ceux qui en sont victimes. Or, les victimes dessinent un espace social extrêmement cohérent, qui voit les violences policières individuelles relever de modes anciens de gouvernement, comme l'exploitation du corps, la territorialisation, la puissance. Notre dernière partie tente de repérer les isomorphismes entre cet espace et les logiques des acteurs politiques, l'organisation du travail policier, le rapport des policiers à la domination physique, et enfin le droit. Or, les correspondances sont nombreuses, de surcroît souvent validées et consolidées par le droit. Force est alors de constater que la domination rationnelle légale s'enracine dans ce qui peut apparaître comme son antithèse même (la violence physique personnalisée), et emploie au coeur d'espaces définis la manifestation de cette antithèse comme la manifestation de sa fin : arracher un rapport d'obéissance.