Les spectateurs du temps : introduction a une sociologie de la reception des oeuvres filmiques
Auteur / Autrice : | Emmanuel Ethis |
Direction : | Emmanuel Pedler |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
Matiere bien souvent impensee en ses dimensions anthropologiques les plus agissantes, le temps - fondation cachee de nos +boussoles culturelles; - constitue une substance vive de l'oeuvre cine, matographique. Observe sous cet angle, chaque recit filmique se laisse ainsi saisir comme le resul, tat d'une splendide synthese temporelle qui n'a de cesse de se recomposer dans le regard du spectateur. De fait, l'introduction a la sociologie de la reception des oeuvres filmiques proposee dans les spectateurs du temps tente de prendre experimentalement au mot l'idee selon laquelle les recep, tions spectatorielles dependent fortement de la maniere dont. Plus ordinairement on concoit et on +habite; notre temps social. En ce sens, le cinema scande a sa facon un rappel a l'ordre du temps particulier de notre modernite : on omet trop souvent que si l'on peut etre naufrage a mille milles de toute civilisation, naufrage, on peut l'etre egalement en s'egarant dans la dimension temporel, le dans laquelle le cinema nous entraine, et dont on decouvre qu'elle est loin d'etre aussi objecti, ve qu'on l'imaginait ; car, contre toute attente, nos lectures du film renvoient a une conquete du temps qui, incidemment, signe tres surement notre identite sociale et culturelle. En rendant manifeste la diversite des appropriations du temps filmique par l'intermediaire d'un protocole d'enquete qui replace les spectateurs face a des oeuvres reelles, l'on voit. Peu a peu, apparaitre quelques uns des traits saillants sur lesquels s'engage notre rapport a la cinematogra- phie, cette experimentation, centree sur les trois poles de la narration filmique, de la genericite cinematographique, et du jugement de valeur porte sur les oeuvres, s'oblige a interroger les actes semiques de la perception spectatorielle. Orientee vers une analyse microsociologique de pratiques singulieres, cette etude, si elle ne vient pas foncierement contredire les conclusions des macro-sociologies de la consommation culturelle, espere, en preciser certains aspects, voire devoiler une part sociologique des intimites plurielles et polymorphes fecondees dans la relation entre l'oeuvre et son spectateur : car devenir spectateur, c'est aussi faire sien le temps contraint de l'oeuvre filmique qui, dans sa foulee la plus immediate, reifie le vecu temporel de ceux qui s'y confrontent.