Mémoire du quotidien : les lieux de Perec
Auteur / Autrice : | Derek Schilling |
Direction : | Jacques Neefs |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
L'emergence du quotidien en tant que categorie critique marque la pensee francaise des annees 1950 et 1960. L'explication historique vise les structures durables du quotidien aux depens de l'acteur et de l'evenement (braudel); le recit d'emancipation marxiste est remplace par une critique des formes spatiales de l'urbain (lefebvre); le projet existentiel est mis en cause par le postulat de la priorite ontologique d'une quotidiennete sans sujet (blanchot). D'apres certeau, le quotidien constitue un niveau de la pratique que les systemes de controle ecartent pour mieux s'affirmer mais qui recele neanmoins l''invention' de chacun. A l'instar de ces penseurs, georges perec (1936-1982) a classe tout un pan de son travail d'ecrivain comme ''interrogation 'sociologique' du quotidien''. Dans les choses, especes d'espaces et d'autres projets menes dans les rues de paris, perec a redefini les genres narratifs et descriptifs en s'appropriant des methodes d'observation, de consigne et de gestion associees a l'ethnographie, a la sociologie et a la semiologie. En tachant d'etablir un etat des lieux de la culture, perec entre en dialogue avec la tradition rhetorique de la memoire artificielle et des topiques (cf. Yates et barthes). La presente etude examine la maniere dont perec, un enfant de la shoah, a pu employer le 'lieu de memoire' et le 'lieu commun' pour fonder une auto, description serielle qui rompt avec l'autobiographie traditionnelle et qui souligne l'aspect partage du vecu. Alors que la memoire collective semble de plus en plus s'identifier aux monuments et aux ideaux republicains (cf. Les lieux de memoire de pierre nora), la description du quotidien chez perec fournit une memoire potentielle a une collectivite dont l'identite reside dans un parcours inepuisable de lieux, autant ceux de la ville que ceux du discours.