Franz Kafka, le silence et la musique
| Auteur / Autrice : | Anne-Marie Mazzega-Bachelet |
| Direction : | Pierre Brunel |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Littérature française |
| Date : | Soutenance en 1997 |
| Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
On a considéré l'œuvre comme un espace imaginaire proche de celui que déploie le théâtre baroque, avec des scènes formant labyrinthe. Dans cet espace se représente une quête de la musique à travers le silence. Au commencement était la musique. . . Les nouvelles Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris et Les recherches d'un chien, écrites à la fin de la vie de Kafka, nous parlent de la musique à l'origine du groupe et de l'individu. Elle a existé dans le passé du peuple des souris et elle est au cœur d'une expérience hallucinatoire survenue dans l'enfance du jeune chien. La musique nous parait tout d'abord designer la mystique, moment mythique qui selon Gershom Scholem dans les grands courants de la mystique juive, a précédé les religions instituées par la parole divine et son écriture, la loi. La musique est perdue, la parole divine s'est éloignée, les héros kafkaïens, Grégoire dans la métamorphose, Ulysse et les sirènes aphones du silence des sirènes, le peuple des chiens, tous se taisent. Le silence ne nous parait pas être cependant le dernier mot de l'écrivain. Joséphine la cantatrice s'est autorisée à parler. Sa voix est un sprechgesang, trace de musique sur fond de silence. Nous l'avons liée aux recherches du chien, en quête de la musique révélée lors de la scène inaugurale. Le jeune lui permettra de retrouver le son mystique. Nous avons interprété cette quête comme celle où l'écriture se trace. Elle nait du ''cri'' du corps torture et qui meurt. Leur condamnation s'inscrit sur le corps des supplicies de la colonie pénitentiaire. La voix de Joséphine, qui est l'écriture même de Kafka émerge du silence. Elle indique la place de la musique au-delà du langage et au-delà du silence. Car le silence et la musique sont lies par un paradoxe essentiel pour la compréhension de l'œuvre. Il faut savoir lire au cœur de la musique le silence qui y a laissé sa trace et au cœur du silence la place de la musique.