Thèse de doctorat en Littérature française
Sous la direction de Marcelle Marini.
Soutenue en 1994
à Paris 7 .
Le président du jury était Francis Marmande.
Les rapporteurs étaient Pascaline Mourier-Casile, Claude Burgelin.
La séduction est un rapport au désir qui ne se laisse saisir dans aucune positivité : c'est un jeu avec le désir que recoupe cet autre jeu avec le langage qu'est l'écriture littéraire. La notion d'aire transitionnelle (Winnicott) permet de rendre compte de l'espace de la séduction comme de celui de l'écriture. Une comparaison entre Breton et Duras peut alors s'effectuer dans ces différents registres au titre des stratégies masculine et féminine de séduction. Breton privilégie un rapport immédiat et maîtrisé à l'écriture, le récit de Nadja s'organisant autour d'un je auteur-narrateur donné, alors que Duras insère un ensemble de médiations permettant de mettre en scène et de placer à distance une série plus large d'oppositions : fiction et théorie, moi et sujet, narrateur et personnage, etc. D'autres médiations structurantes se manifestent également dans le rapport des textes à la culture. Les formes narratives préexistantes, dans l'ordre du mythique (Breton) et du tragique (Duras), jouent comme miroirs du symbolique dans lesquels l'imaginaire singulier présent dans chaque texte vient se capter puis se différencier, doublant d'une certaine manière l'entrelacs du désir (comme relation à l'autre) et du narcissisme (comme relation à soi) chez l'être humain. Les personnages des récits, étudiés alors autour des thèmes de la maîtrise, du rituel et de l'indifférence, évoquent au plus près ce qu'il en est de la séduction comme rapport à l'absence et au leurre. Enfin, la confrontation à la folie semble faire basculer la séduction dans la fascination.
Forms and figures of seduction : reading of Nadja by André breton and le ravissement de Lol V. Stein by Marguerite Duras
Seduction relates to desire in such a way that it does not allow itself to be grasped in a positive manner. It plays with desire in the same way that literary writing plays with language. The notion of the transitional area (Winnicott) enables us to account for the space of seduction as well as the space of writing. A comparison between Breton and Duras thus becomes possible by taking into consideration these different registers as masculine and feminine strategies of seduction. Breton favours an immediate, controlled relationship in his writing, the narrative Nadja is organized around a first person author-narrator, while Duras inserts an ensemble of mediations which allow the development of, and the distancing from, a whole series of oppositions - fiction and theory, the ego and the subject, the narrator and the character, etc. Other mediating structures are also evident in the way the texts relate to culture. The pre-existing narrative forms, be they of the mythical order (Breton) or of the tragic (Duras), acts as mirrors of the symbolic in which the particular imaginary present in each text is captured and then becomes differentiated, and thus doubles in a certain way the interlacing of desire (in its relationship to the other) and narcissism (as a relationship to oneself) in a human being. The characters of the ritual and of indifference, clearly evoke how seduction relates to absence and enticement. And finally, the confrontation with madness appears to make seduction overbalance into fascination.